Après Ton Absence N'Est Que Ténèbres, qui m'a un peu paumé parfois, voici le livre suivant de Jón Kalman Stefánsson, toujours traduit par son ami, Éric Boury : Mon Sous-Marin Jaune.
Apercevant Paul Mc Cartney dans un parc londonien en été de nos jours, avant de tenter d'aller le rencontrer, le Narrateur nous fait état de sa vie personnelle à travers différentes époques et à travers l'Islande, entre Keflavík et une région reculée, la province des Strandir où il partait en vacances, sur le versant est de la grande péninsule de l'île nordique.
Marqué par la mort de sa mère dans son enfance et par le peu d'attention que lui portait son père, le Narrateur raconte comment il trouvait du réconfort auprès d'un couple de personnes âgées plutôt que d'aller à l'école dans un quartier de Reykjavík et surtout comment il se créait des amis, entre ses lectures de la Bible où Jésus est bien plus sympathique que Dieu, Le Paternel irascible de l'Ancien Testament et principal antagoniste accompagnant le père du gosse à bord de la Trabant jaune en additionnant les ivrogneries successives et prenant Johnny Cash et Rod Stewart en otages. Les cours de catéchisme gérés par un pieux couple sévère et farfelu n'aident pas vraiment à mieux comprendre à cause d'une étroitesse d'esprit ou l'aveuglement passionné d'un enseignement flirtant avec le fanatisme, mais ils offrent des passages assez croustillants bien que terribles pour les jeunes élèves dont leurs questions naïves sont susceptibles de provoquer quelques châtiments physiques.
Faut-il comprendre, dans ce livre, un parallèle entre les deux pères, l'un divin et l'autre humain à l'encontre de leurs fils respectifs qu'ils ont abandonnés ? Dans le sens où les deux fils deviennent bon amis par le biais de l'imaginaire du Narrateur, il y a fort à parier que oui.
Dans l'imaginaire de l'enfant solitaire que fut le Narrateur, Ringo Starr devient un évêque, les défunts du très vieux cimetière avoisinant la ferme de sa belle-mère deviennent des compagnons de jeux et de discussions, les Beatles lui apparaissent en compagnons de voyage et temporel et géographique ... Les passages de l'enfance dans ce livre m'ont plus touché que la période de l'adolescence du personnage principal.
Il n'est pas souvent évident de décrire clairement tout ce qu'on lit dans Mon Sous-Marin Jaune tant on assimile les moments tels des strates d'un mille-feuilles de la vie où gisent les souvenirs, comme celui du père qui, tel un fantôme parcourant le présent au volant de sa voiture, peine à trouver le repos et sans aucun doute le pardon de son fils devenu un adulte.
Ce voyage-là, empli de tragédies et d'instants merveilleux, aussi guérisseur qu'il peut être farfelu et désordonné, je l'ai bien aimé.