Je ne vais pas résumer ou raconter ce livre...


qui nous emporte dans les souvenirs de Jon, de Gilgamesh – «cette poésie écrite, datant de l’aube des temps, en Mésopotamie quand des poètes défunts m’ont apostrophé» - à Paul Celan,


souvenirs accompagnés d’une bande son des Beatles à Nick Cave,


dans l’Islande des Strandir ou de Keflavik,


au milieu des tombes d’un cimetière au bord de l’océan, ou dans le sous-sol d’une bibliothèque.


Aussi parmi les vivants, de ceux qui «font du monde un lieu plus habitable», comme ces deux vieillards qui habitent au troisième étage de l’immeuble où Jon ne vit plus qu’avec son père,


ou son ami Örn, l’ami inoublié, que l’on avait déjà rencontré dans Asta quand il s’appelait Josef... toujours terminant sa vie dans l’océan.


Il y a aussi une camarade de classe dans l’immeuble où il habite, une petite fille «si belle que le ciel soupire chaque fois qu’elle sort de l’immeuble ...qui est si belle que le monde frissonne»,

ce monde du froid, l’Islande toujours recouvert «d’un manteau de neige si épais que le temps lui-même peine à la traverser.»


Le temps, parlons en du temps,


«Le temps s’est suspendu» pendant que Jon Kalmann Stefansson continue à se promener dans sa mémoire comme un Marcel Islandais qui remplace les madeleines ou le pavé disjoint de la cour des Guermantes par une tresse de cheveux de Guðmundur, ou la trabant de son père blanche et rouge...


et nous nous retrouvons avec Hamlet sur la terrasse du chateau

“The time is out of joint:–O cursed spite,

That ever I was born to set it right!–“


Le temps est disjoint, le temps est détraqué, les temps se chevauchent, se complètent, se pénètrent...


Les temps de cet islandais qui habite au bord du petit étang du centre de Reykavik,

des temps qu’il nous offre et qui deviennent comme nos souvenirs...


Hélas, le dernier mot arrive,


Il m’a rejoint,


et … ne reste que le souvenir des nostalgies de Jon Kalman Stefansson que j’ignorais avoir en moi, .


Roman? si les souvenirs sont un roman, alors oui,


peu importe la catégorie éditoriale dans laquelle on le met...


S’Il faut absolument le classer quelque part, alors ce sera dans le rayon très peu fourni

des livres exceptionnels.



© Mermed 6 Avril 2024

mermed
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le 6 avr. 2024

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