Shimura-san est un météorologue de 56 ans célibataire, domicilié à la lisière de Nagasaki. Un jour, en rentrant chez lui plus tôt que d'habitude, il s'aperçoit que quelqu'un s'est servi dans son frigo. Depuis plusieurs semaines, il remarque que des objets sont déplacés. Il n'en dort plus et décide d'installer une webcam chez lui avant de se rendre à son travail. Il entrevoit une femme qui traverse la pièce. Lorsqu'il rentre chez lui, la serrure n'a pas l'air fracturée. Le lendemain, lorsque l'ombre de la femme apparaît sur l'écran de son ordinateur, il appelle la police. Elle est retrouvée pétrifiée, blottie dans la pénombre du placard à futons. La clandestine est une chômeuse de longue durée en fin de droits, qui vit chez lui à son insu depuis près d'un an. Au tribunal, elle risque trois ans ferme et 500.000 yens d'amende. Elle écope finalement de cinq mois sans amende. Mais Shimura-san ne se sent plus chez lui et vend son appartement. Elle décide alors de lui écrire. On découvre ainsi les raisons de sa présence, comment elle est entrée et a vécu durant presque une année dans la clandestinité.
Ce roman est très court. Le style est sobre et concis. L'histoire est inspirée d'un fait divers japonais. Elle traite de l'intrusion et de la dépossession de chez soi, du sentiment de violation, beaucoup plus fort dans ce roman que le préjudice réellement subi, du traumatisme qui en résulte. Les deux personnages principaux du roman, des êtres solitaires ne se rencontrent pas vraiment. Au procès, ils ne se regardent pas. Pourtant, elle connait tout de lui, son régime alimentaire, ses habitudes, la marque de ses sous-vêtements et sans le vouloir, elle le perturbe profondément. C'est une histoire singulière. Le narrateur qui pendant presque un an ne s'est rendu compte de rien, change au cours du roman et cède la parole à la clandestine.
C'est un très bon moment de lecture, agréable et surprenant.