"Nagasaki" s'est vu récompensé par le Grand prix du roman de l'Académie française en 2010. Je ne cache pas que je m'en étonne, que j'éprouve des difficultés à comprendre les motifs de cette attribution...
Pour commencer, il m'a semblé que ce livre de moins de cent pages tenait plus de la longue nouvelle que du court roman. Ensuite, s'il n'a rien de désagréable, il m'a pourtant donné l'impression d'un travail à l'état d'ébauche : les réflexions (sur la solitude, l'âge, les habitudes, l'absence d'assistance aux personnes sans emploi, ...) sont abordées et délaissées aussitôt ; les personnages et leur psychologie m'ont paru trop peu détaillés/approfondis que pour susciter davantage qu'une vague indifférence et, enfin, alors que la situation initiale a tout pour rappeler l'excellent "Horla" de Guy de Maupassant, le suspense est pulvérisé en quelques pages : jamais les webcams ne m'ont paru aussi antipathiques !
Comme de nombreux autres lecteurs, je déplore un sentiment d'inachevé. Pas seulement en ce qui concerne la rencontre manquée entre Shimura et cette femme qui sont tous deux acteurs d'une vie où suinte une solitude plus ou moins désespérée mais surtout à cause de toutes les raisons mentionnées supra. Eric Faye s'est emparé d'un fait divers au potentiel intéressant, mais lui a selon moi réservé un traitement trop sommaire. Les deux dernières pages, qui balancent de manière expéditive un condensé de vie hyper tragique s'achevant par « Voilà. » n'ont fait que confirmer mon incrédulité. Cela m'a paru aussi abrupt que superflu.
De ce livre qui ne m'a procuré ni plaisir ni déplaisir, je ne retiendrai rien, à mon avis.
(... Il a cependant un mérite : celui de m'avoir donné une folle envie de relire "Le Horla".)