Nous avons ici affaire à un livre de journaliste. Ce que nous venons chercher, ce n'est pas un style littéraire, de belles paraboles synesthésiques, c'est un sujet.
Et le sujet premier, c'est Toumany Coulibaly, grand espoir du 400m français, entraîné par Patricia Girard, champion de France sous sa houlette...et cambrioleur multi-récidiviste. C'est au parloir que Mathieu Palain le rencontrera, et va nouer une relation qui dépassera clairement celle d'un journaliste avec son "sujet".
Et c'est sur ce dernier point que le livre tire son épingle du jeu : l'histoire sensationnelle de ce gentleman-sportif-cambrioleur pourrait suffire en tant que telle pour bien se vendre et contenter les lecteurs voyeurs, avides de faits divers, que nous sommes tous au fond de nous. Mais c'est autre chose qui se déploie progressivement au fil des pages, et le cas singulier s'efface progressivement pour laisser place à une réflexion sur la prison (sujet de prédilection de Mathieu Palain), comment elle agit sur les hommes et les femmes, et sur la connaissance de soi. Car "Toum" la pose souvent cette question : qui suis-je ? Il a compris que c'était en y répondant, ou en essayant de le faire, qu'il pourrait arrêter de voler. La kleptomanie n'est que le symptôme de quelque chose, quelque chose qui vient de plus loin.
Et, en miroir, le journaliste se la posera aussi. Il va lui aussi se mettre à "courir" (au sens propre comme au sens figuré) pour découvrir qui il est, pourquoi il s'intéresse tant aux gens emprisonnés. C'est donc, in fine, un roman sur la quête de soi. Et ce n'est évidemment pas la prison qui montre le chemin : c'est l'autre. C'est lui qui va nous permettre de plonger en nous même et de trouver la clef de l'énigme.