Objet littéraire difficilement identifiable, « ne t'arrête pas de courir » est un livre écrit par un journaliste de formation (Mathieu Palin, dont le plume est très agréable à lire), portant sur un sujet (Toumany Coulibaly , espoir du 400 mètres en athlétisme le jour, cambrioleur la nuit) utilisant un récit narratif qui s'autorise des détours réflexifs.
Le sujet de base est assez simple : un journaliste se penche sur le cas de ce jeune a peu près de son âge, ayant grandi a peu près au même endroits mais qui a suivi une trajectoire très différente de la sienne a bien des égards. « Toum » s'est mis à voler très jeune, et comme une addiction, a eu besoin d'en faire toujours plus ; en parallèle il a découvert l'athlétisme et à montré une aisance naturelle sur le 400 mètres, au point de devenir un des principaux espoirs de cette discipline en France.
Mathieu Palin veut comprendre comment les 2 faces de ce même personnage cohabite, comment l'un à nourri l'autre et inversement. Le début est donc une sorte de biographie, entrecoupé d'échange en parloir. Ce qui aurait pu être un très long article digne de magazine type Society va petit à petit se teinter d'autre chose. De digressions nous amenant sur des réflexions plus vaste. Sur ce que c'est d'être jeune en banlieue, en particulier quand on est racisé. De ce que ça raconte de notre société cette sortie de la galère par le sport, seul perspective envisageable pour bien des jeunes dans ce cas. De l'immigration. Puis, plus globalement de la prison, de ce qu'elle cherche à atteindre (punir les coupables ? réparé des victimes ? Donner des leçons?).
L'auteur va alors se questionner sur pourquoi lui même est fasciné par la prison. On va alors croiser d'autres prisonniers, dans d'autres contexte géographique ou historique. On va avoir droit a un peu d'intimité de l'auteur. Et comprendre que ce après quoi tout le monde cours, c'est soi même.
Invitation au voyage, métaphore sur Ulysse courant après Ithaque mais qui finalement ne grandi et n'évolue que parce qu'il ne l'atteint pas assez vite. Ce qui compte ce n'est pas la ligne d'arrivée mais la course. Connais toi toi même. N'arrête pas de courir. Même combat.