Étrange manière de soutenir un auteur qui, à mes yeux, méritait largement son Pulitzer sur The Road mais qui, dans ce cas précis, semble avoir passé le plus clair de son temps à capitaliser sur sa notoriété (et, devrait-on dire, sur son regain récent de notoriété) et ses compétences de routier/pilier du Grand Roman Américain (plan large, routes poussiéreuses et formations rocheuses de votre choix dans un lointain gommé).

"No country for old men", alors.
Oh, ce n'est pas honteux stricto sensu. Le livre est très propre. Juste propre. L'auteur est très compétent; il est habité de cette âme américaine et sait écrire sur ce continent que nous autres avons confiné à l'état de mythe moderne.
L'histoire se déroule sans accroc, les dialogues sont calibrés, les mécaniques dramatiques huilées.

Non, vraiment, ce qui ne va pas, c'est cette sensation persistante de commande. De script publié par un éditeur un chouya enthousiaste. No country for old men est un script. Ni plus, ni moins. C'est formellement sans inspiration, littérairement aussi lisse que du téflon, sans autre intérêt que l'histoire.
Se contenter de l'histoire, pour un auteur de la trempe de mcCarthy, pardon, mais c'est un peu du foutage de gueule, quand on sait à quel point icelui (j'aime écrire "icelui") est capable du meilleur.

Ah et cette histoire de script, d'ailleurs, des rumeurs sembleraient y donner raison. Alors, quoi? (Je suis d'ailleurs preneur de détail si quelqu'un possède une source qui corrobore ou démonte la précédente hypothèse)

Non vraiment. Il semble y avoir bien plus de choses intéressantes chez mcCarthy que ce titre facile, un peu bâclé sur la forme et pas franchement bouleversant.

Ne lisez pas ce livre. Ou alors, penchez vous sur l'excellente adaptation (puisque le roman n'est finalement qu'un matériau "pas fini" mais offrant de chouettes prémices) des frères Coen qui ont signé ici un film puissant, capable de tirer tout le potentiel que mcCarthy, un peu laxiste, s'est contenté de gribouiller à la va-vite sur son manuscrit.

Dispensable.
Daylon
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le 1 oct. 2010

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Daylon

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