Depuis que je me suis aventuré sur les bouquins un peu trop long de Stephen King, Insomnie, Dreamcatcher, Black House, histoire de Lisey, je reste quand même plus enclin à aimer les nouvelles et plus particulièrement les novellas. Brûme est par exemple une de mes novellas préférés.
Dans Nuits noires et étoiles mortes, Stephen King a réuni 3 novellas et 1 nouvelle, devinez maintenant laquelle j'ai aimé, et lesquelles je n'ai pas apprécié.
Facile.
Commençons avec 1922, une histoire qui commençait plutôt bien, un scénario horrifique comme on les aime, tout y est assez prévisible, ce qui n'est bien sûr pas un défaut.
Le souci, c'est qu'une nouvelle de ce genre là, aurait dû s'aplatir sur moins d'une centaine de pages, à la rigueur, elle aurait pu durer autant que Jerusalem's lot.
L'extension à outrance débute au moment où le corps de la femme du fermier commence à devenir froid. Le meurtre est réglé, l'homme et le fils partent vaquer à leurs occupations avec sur leur conscience, la culpabilité, le remords, et la terreur.
Pendant une partie de la nouvelle, Stephen King va s'aventurer sur d'autres rivages, ceux qui s'intéressent à la vie du fils. En oubliant peu à peu le père, le récit va partir sur une histoire de gangsters classique, début maladroit, ascension, contre-attaque des flics, mort tragique.
Tout ça est très prévisible, alors pourquoi Stephen King s'est-il entiché de cette histoire à faire pleurer dans les chaumières ? Peut être que l'esprit gangster l'a toujours plu comme on peut voir la résurgence de ce thème (parfois inutile, parfois c'est le cœur du récit) dans Ça, le cinquième quart, Blaze, le gala de noces, et la mort de Jack Hamilton. Ou peut être qu'il ne voulait pas refaire une nouvelle du style horrifique à 100%.
Je ne sais pas, en tout cas, cela m'a vite énervé de voir qu'au lieu de résumer l'histoire, Stephen King va nous raconter tout ce qui s'est passé, comme si il y avait quelque chose de différent dans le traitement d'une histoire sur des gangsters (je dis ça mais j'en ai lu aucune).
Cette fâcheuse habitude a peut être la qualité de brosser le personnage du gamin, mais elle fait disparaître la tension du meurtre commis à la ferme.
Résultat, je trouve que le rythme aurait dû être mieux adaptée qu'au père, on aurait pu se concentrer sur la chute de la famille seulement et oublier les détails superflus.
Mais bon, comparés aux autres nouvelles, celles-ci n'est pas la pire. Vous inquiétez pas, il y a vraiment mais vraiment pire.
Par exemple, prenons les deux autres, Big driver et bon mariage, deux nouvelles assorties ensemble car elles ont le même thème, une femme, contre un homme. La première, c'est un rape and revenge, la deuxième, un thriller sans saveur.
Que dire ?
Déjà ce que j'ai pas aimé, c'est la morale de l'histoire, une femme qui tue une famille de tueurs, ne devrait pas s'en tirer, où dans la moindre mesure, finir par perdre la boule ou se culpabiliser à mort. Le personnage finit pourtant par s'en sortir saine et sauve, alors même qu'elle a avoué la vérité à une autre personne, qui ferme forcément sa bouche pour une dame qu'elle connaît à peine. Comme si entre deux femmes, il y avait cette connexion tellement forte qu'on éprouve immédiatement de l'empathie pour sa prochaine.
Je sais que c'est une histoire, et donc de la fiction, certains comportements sont exagérés. Pourtant, la tension de se dire que la femme ne pourra jamais se venger tombe à l'eau quand on la voit défoncer plusieurs personnes sans aucun problème. Et sans aucun remords puisqu'elle a même tué quelqu'un qui n'était pas trop dans le coup, cette mort aurait pu servir de morale du style "la vengeance n'est pas une bonne chose", mais évidemment, rien n'est nuancé.
Il y a aussi l'intervention de protagonistes qui n'existent pas comme le GPS, le chat, ou bien les fantômes de ses victimes, une bonne idée en soi, si elle n'avait pas été déjà exploitée dans Jessie.
Pour la nouvelle bon mariage, c'est la même histoire à la suite, une femme découvre que son mari est un tueur en série ce qui provoque l'héroïne une poussée d'injustice extrême, puisqu'elle va pousser son mari dans les escaliers et ensuite le tuer avec un oreiller...
Cool. Ce n'est pas un petit peu extrême ? Surtout que son mari ça fait longtemps qu'elle le connait et la voir changer d'avis aussi vite sans hésiter une seule seconde. On sent largement la patte de l'auteur qui vient rétablir la justice divine.
En plus de ça, la nouvelle se compose majoritairement d'une overdose de background, dans background, je veux dire tous les petits détails qui fourmillent dans une histoire avec comme exemple le passé de tueur en série du mari qui dure trois plombes. Stephen King est tellement prolifique qu'il ne peut tout simplement pas s'empêcher d'en raconter trop sur des personnages, surtout que je remarque de plus en plus, qu'il n'introduit plus les personnages avec des petites allusions sur leur passé, mais plutôt en bourrant le récit d'un long monologue étouffe-chrétien, comme dans Sherlock Holmes.
Au final, la dernière nouvelle "Extension claire" est celle qui s'approche le plus d'une bonne nouvelle, déjà elle est pas très longue, moins de 50 pages (les autres c'est 100 pages chacune), l'élément horrifique est assez prévisible mais efficace, les personnages ne sont pas parfaits (alléluia !) et puis on retrouve la ville de Derry !
Bref, en ce moment, je cherche désespérément un bon bouquin de Stephen King si même les nouvelles sont mauvaises alors comment vont être les romans ?
Je n'arrête pas d'être déçu, est-ce la fin ? La fin de cet auteur ? J'espère que non.