J’ai lu cette tragédie en prépa sans avoir pris le temps de l’apprécier, je l’ai relue un an après en étant submergée par un lyrisme et une fluidité incroyables. On ne peut lire cette pièce que d’une traite pour pouvoir la vivre et la ressentir correctement.
De damnateur à damné, soumis à son destin qu’il connaissait depuis toujours et qu’il pensait éviter en s’enfermant dans une vie qu'il pensait lointaine de ses parents. Œdipe, roi de Thèbes de la célèbre dynastie thébaine des Labdacides, est un personnage des plus attachants de la tragédie grecque. On suit la catabase, la déchéance, de notre Roi de Thèbes qui, comme nous, découvre au fil de l’enquête que la prédiction de l’aveugle Tirésas s’avère vraie, et qu’il est le coupable de ce meurtre (qui se transforme en parricide), incestueux puis veuf. Cette tragédie est une enquête policière avec l’enquêteur coupable sans le savoir à qui on s’attache rapidement.
C’est dans des successions d’actions ponctuées par les tirades d’Œdipe qu’une vague d’empathie nous submerge, nous sommes dans la tête Œdipe. Je pense que c’est un des personnages les plus piteux de la tragédie, il a tué son père, couché avec sa mère mais on n’arrive pas à lui en vouloir, on défend le meurtrier et nous accusons presque Laios d’avoir été sur son chemin, il est à la fois le coupable et la victime. Mais comme dans beaucoup de tragédies, Œdipe meurt plusieurs fois, d’abord une mort très violente (principalement) psychologique dans cette pièce, et plus tard lors de son voyage à Colone (Œdipe à Colone) où notre roi meurt physiquement dans une pièce presque aussi touchante que celle-ci.
Avoir relu Œdipe un an plus tard après l'avoir étudié sans réel plaisir a été pour moi une idée formidable. C'est avec cette relecture beaucoup plus passionnée et intéressée que j'ai réussi à ressentir Œdipe et toutes ses douleurs qui l'accompagnent dans sa perdition.