Quelqu'un d'autre pour le pire roman de la rentrée ?! (ah ! on me dit que Christine Angot arrive !)
Je ne vois pas l'intérêt de lire un roman de Philippe Djian, en tout cas celui-ci. Et je pourrais m'arrêter là. Mais ce serait gratuit et sans plus d'intérêt que ce Oh...
Non content d'être expert dans l'art des titres courts (Vengeance, Impardonnables, Oh..., Criminels, Sotos, Frictions, Incidences, etc.), Philippe Djian se croit obligé de nous les faire partager presque chaque année.
Michèle approche de la cinquantaine. Elle recouche de temps en temps avec Richard, l'homme avec qui elle a vécu vingt ans, le père de son fils. Son fils, Vincent, vingt-cinq ans, un bennet heureux de trouver un job chez McDo puis chez Quick, qui s'entiche d'une jeune mère, Josie, dont l'ex est en prison. Avec sa meilleure amie, Anna, elles ont créé il y a vingt-cinq ans AV Productions, une boite qui cherche les scénarios les plus susceptibles d'intéresser les producteurs. Elle couche également avec Robert, le mari d'Anna. Elle n'a plus de contact avec son père, resté « le monstre de l'Aquitaine » dans les mémoires pour avoir tué soixante-dix enfants en colo. Il est mourant, et sa mère Irène la somme de le voir, une dernière fois. Elle ne comprend pas l'entêtement de sa mère pour un homme qui a détruit leur vie. Enfin, Michèle s'est faite violer et reçoit des étranges messages qui la perturbent dans tous les sens. Apeurée et excitée, elle ne sait que faire.
Voilà tout ce qu'il faut savoir sur Oh..., un roman assez ennuyeux, assez inintéressant. Du grand Gallimard. Ce à quoi il faut rajouter un style assez désagréable si on ne veut pas aller jusqu'à le nommer médiocre. Les idées, les phrases se suivent et se ressemblent. Il y a même quelques phrases qui sont répétées plusieurs fois dans le roman, parfois un synonyme sert de dérobade afin que l'on y voie que du feu. Une autre chose qui m'a énervé lors de ma lecture : la manie de l'auteur de passer d'une idée à l'autre comme ça lui chante. Point, à la ligne ou pas, hop, je réutilise les pronoms il ou elle sans toutefois parler des personnes que j'ai utilisé dans les phrases précédentes. On se retrouve ainsi avec une succession de phrases sans aucun lien avant de découvrir quelques lignes plus loin un prénom et de voir qu'on n'est plus ni au même endroit, ni avec les mêmes personnages.
C'est morne et inintéressant et sans que je sache pourquoi, je suis allé au bout. J'ai bravé l'absence de tempête, navigué avec les vents, qui me poussaient vers la sortie. J'ai regardé Michèle passer le roman entier à tenter de convaincre son fils que Josie est une connasse et qu'il faut les oublier, elle et « bébé-Edouard », je l'ai regardée se disputer avec son ex-mari parce qu'il sort avec une femme plus jeune et parce qu'il écrit des scénarios de merde, je l'ai regardée s'accrocher avec sa mère pas mal de fois au sujet de son père et enfin je l'ai regardée coucher avec Robert et se faire violenter non sans plaisir par l'homme cagoulé dont je tairai l'identité par respect aux fans de la première heure et aux masochistes qui s'ignorent mourant d'envie de lire Oh... un verre de Scotch dans une main, un fouet dans l'autre. Oh... flûte, il ne reste plus de main pour le livre.
Bref, vous l'aurez compris : c'est absolument passionnant ! Du sexe, de l'alcool, de la clope, du Philippe Djian quoi. Il ne se passe pas un instant sans que je me sois étonné de l'inventivité de l'auteur, sans que je me sois extasié devant une belle phrase, sans que je n'aie crié à qui voulait l'entendre que Philippe Djian était le meilleur auteur français et que Oh... méritait sans hésitation le Goncourt, l'Acédémie Française, le Renaudot, le Médicis et le Fémina. Et bien entendu, le Prix des Prix, une lubie à sa hauteur !
Au moins, j'aurais essayé, tenu jusqu'au bout. Je peux désormais passer à autre chose. Vous pouvez faire de même sans essayer.