Et si on se trompait tous ?
Et si on se trompait en confondant l'absurde avec le sinistre ?
Et si on se trompait en se faisant faisant l'esclave de l'étrange dévotion qui entoure le nom de Samuel Beckett ?
Et si les théâtreux se fourvoyait en cherchant à respecter la moindre virgule des textes de Beckett ?
Et si au lieu d'être excessivement difficile... Beckett était au contraire très simple à comprendre ?
Et si... et si... et si... et si...
Je n'ai pas d'analyse grandiose à proposer ici ni de solutions aussi absolues qu'absurdes à débiter.
Juste une idée une impression diffuse qui, depuis des années, chaque que l'univers de Samuel Beckett traverse mon esprit, se distille.
Et si loin du noir et gris sinistre qui s'impose chaque fois qu'on y pense l'univers de Beckett était au contraire joyeux et coloré ?
On sait que la joie n'est pas incompatible avec un certain désespoir.
Et si à l'instar de Gaston Lagaffe toujours coincé dans les bureaux de la rédaction dupuis Valdimir et Estragon trouvait une certaine sérénité à attendre Godot sous leur arbre ?
(cf ma critique : https://www.senscritique.com/bd/gaffes_et_gadgets_gaston_premiere_serie_tome_r0/critique/258475178 )
Une telle idée m'est venue il y a fort longtemps en faisant travailler une jeune comédienne. J'avais éparpillé tout un tas d'objets dans la pièce et lancé une musique très rythmée en lui disant de laisser venir. A la fin du morceau elle s'est retrouvé avec une ombrelle ouverte dans une main et une petite mallette à maquillage dans l'autre son visage était lumineux. Je me suis alors dit que la Winnie d'Oh les beaux jours était, bien qu'elle ne cesse de s'enfoncer dans le sol, un être solaire qui sans cesse est attirée vers le haut vers le ciel.
Et que par delà la finitude attaché à la condition humaine une espérance demeure et que si le désespoir peut s'attacher au sentiment de fin l'espoir reste porteur de vie et de joie.
Confusément j'ai le sentiment que faire de Beckett un poète du désespoir constitue un trahison.