Omertà est un roman parfait pour les adolescents : c'est à dire emporté, lyrique, excessif, naïf, à fleur de peau.
L'écriture mûrit au fil des pages, de maladroite au départ, elle devient plus assurée à la fin, tout comme les personnages mûrissent et se découvrent l'un et l'autre.
Plus qu'un roman sur le harcèlement – dont c'est malgré tout le thème central – Omertà est un roman d'amour, de premier amour, avec toute la naïveté, la passion et la sincérité qui caractérisent les premiers émois.
C'est aussi un roman très personnel, qui donne souvent l'impression d'une autobiographie : le style, parfois hésitant, est marqué par la présence de l'auteure, qui oscille entre la troisième et la première personne, avec un certain un manque de clarté. Le discours indirect libre, le langage oral, les grossièretés forgent le style de ce roman qui est un véritable cri du cœur. Les jugements sur la société, sur ses défauts, sur la pression qu'elle impose à la jeunesse et que la jeunesse s'impose elle-même, s'accumulent au long des chapitres, en particulier dans la bouche de Sam, le protagoniste à la première personne, qui n'a de cesse de crier son incompréhension du monde. Sara, elle, à la troisième personne, est en retrait, comme déjà partie d'un monde qui l'exclut chaque jour un peu plus.
J'ai détesté la fin de ce roman, comme on déteste la fin d'une série devant laquelle on crie « Mais noooon, j'y crois pas, c'est tellement triiiiste ! ». Parce que c'est pas juste, merde. (Comme je suis grande princesse, je vous dissimule la fin de l'histoire et évite de spoiler.)
En résumé, un roman qui se lit vite, malgré des heurts de style, et une histoire prenante et touchante. A mettre dans les mains de votre ado.