La vodka coule à flots ce soir-là chez les Serebriakov et brûle les plaies qui ne cicatrisent pas. Tous s'ennuient, comme souvent dans les fictions russes. Que faire de ce temps qui nous est donné ? Les personnages manquent d'imagination pour remplir ce temps de vie. A vrai dire, leur jeunesse est passée, enfuie et gâchée par leurs choix.
Certes la belle, la jeune Elena, éveille les passions mais elle-même sacrifie sa jeunesse et sa beauté à un vieux croulant d'intellectuel qui n'a pas fait avancer la marche du monde.
Sophia se consume pour Astrov qui feint d'ignorer la passion d'une gamine.
Oncle Vania, bien qu'usé par la vie, semble tout ignorer de l'amour qui le tourmente et qui ne trouvera pas d'exutoire.
Toute cette énergie est gâchée. Il ne reste de cette soirée arrosée que des bribes de ces monologues des cœurs.
Alors, pour attendre sagement la mort, il ne reste que le travail. Le travail pour apaiser l'amour qui mord, la jalousie qui corrompt, l'ennui qui est déjà la mort des vivants. Deux conceptions du travail s'affrontent. Vania et Sophia travaillent absurdement pour souffrir, mais Astrov a encore l'espoir que son labeur laissera une petite trace d'espoir dans le monde.