Une autobiographie passionnante
Dans cette autobiographie chronologique, Andre Agassi revient sur sa carrière, mais il ne se limite pas qu'à l'aspect sportif. Certes, il nous détaille ses débuts à l'académie Bollettieri, ainsi que tous les tournois qui ont bâti sa légende, mais surtout, il se livre sans concession sur sa haine du tennis, son père, ses rivaux et sa quête de rédemption. L'histoire d'Andre, c'est finalement l'histoire d'un type incompris qui est tombé dans la drogue pendant une période de dépression et qui a sérieusement repris sa vie en main à partir de 1997.
Ce livre extrêmement bien écrit est une mine d'informations pour quiconque aura suivi sa carrière. Le style est direct, drôle, et les anecdotes sont particulièrement croustillantes. Outre ses histoires de perruque, Andre nous parle de ses relations amoureuses avec Brooke Shields et Steffi Graf, et il n'est pas tendre dès lors qu'il évoque Jimmy Connors, Boris Becker ou Michael Chang. Il leur voue une véritable haine, et quand on fait le bilan, peu de joueurs trouvent grâce à ses yeux hormis Patrick Rafter. Jim Courier est décrit comme un adversaire irrespectueux dans le vestiaire, et son éternel rival Pete Sampras est allègrement moqué pour sa pingrerie et son côté trop lisse. Contrairement à beaucoup de sportifs, Andre ne fait donc pas dans la langue de bois et se livre avec honnêteté. Le seul souci, c'est qu'il se voit souvent trop beau et trop fort, et qu'il reconnaît rarement la supériorité d'un adversaire à la régulière. J'ai également beaucoup de mal à croire qu'il déteste à ce point le tennis, et cela ressemble à s'y méprendre à une basse technique marketing pour faire le buzz à la sortie du bouquin.
Même s'il a toujours été passionnant à écouter en interview, Andre n'est pas un écrivain, et il a donc fait appel à un journaliste lauréat du prix Pullitzer pour l'aider à écrire cette autobiographie. Bien lui en a pris, car on rit beaucoup, et surtout, on apprend énormément sur la vie quotidienne d'un sportif de haut niveau sans que cela ne soit jamais rébarbatif (seul le tout début où l'on revit un match point par point est un peu ennuyeux). Grand fan du Kid de Las Vegas depuis 1992, je me suis donc régalé à la lecture d'Open, et la précision chirurgicale des détails m'a fait comprendre bien des choses par rapport à certaines victoires ou certaines défaites qui ont jalonné sa carrière.