Jonas Ebeneser est un homme à bout. Il sait qu'il ne peut attendre de réconfort ni de sa mère, devant sénile de jour en jour, ni de son ex-femme, ni de sa fille, dont, il vient de l'apprendre, il n'est pas le père génétique. Cherchant le meilleur moyen de se supprimer, et après avoir envisagé plusieurs options insatisfaisantes, il décide de se rendre dans un pays ravagé par la guerre, avec comme seule arme, sa caisse à outils et sa perceuse... Enfermé dans sa douleur, il appréhende le monde différemment dans ce pays ravagé où chacun a été touché par la perte d'un proche. L'urgence de la mort qui l'avait saisi s'éloigne peu à peu, remplacée par l'humanité, l'entraide et le réconfort.
"Les gens ont des rêves simples, m'avait dit Svanur. Ne pas tomber sous une balle perdue et rester vivant dans la mémoire de leurs enfants." p. 112
Il côtoie là-bas des hommes et des femmes qui, malgré la mort qui rode, continuent d'aimer, de vivre, de survivre, envers et contre tout. Ör veut dire “cicatrices” en islandais, "Le terme s'applique au corps humain, mais aussi à un pays, ou un paysage, malmené par la construction d'un barrage ou par une guerre. Nous sommes tous porteurs d'une cicatrice. (...) Or dit que nous avons regardé dans les yeux, affronté la bête sauvage, et survécu." (Note de l'auteur)
Vivre avec des cicatrices est possible, et c'est ce miracle quotidien de l'existence que connait cet homme qui s'en va, en quête de réparations.
Tels le nymphéa qui s'épanouit sur la poitrine de Jonas, les mots de Audur Ava Olafsdottir trouvent leur chemin pour se fixer durablement sur notre coeur de lecteur...