Un homme suicidaire quitte son Islande natale (son ex-femme, sa fille Nymphea dont il s'est fait tatouer la fleur éponyme sur le coeur, sa mère démente) avec une caisse à outils et son journal intime pour passer à l'acte à l'étranger incognito. Il aterrit dans une ville en ruines d'un pays sans nom à peine sorti d'une guerre qui pourrait être la Syrie, le Yemen, l'Irak... Il y rencontre des gens dévastés par la guerre, en ruines eux-aussi, qui restent debout tant bien que mal pour tenir un hôtel où plus personne ne vient, un restaurant déserté, des commerces vides. A travers la jeune femme et son petit garçon qui ne parle plus depuis les bombes et ne gribouille qu'en noir et rouge, son jeune frère, qui tiennent l'hôtel, il découvre la détresse de ces gens, comment la mort dans l'horreur n'a épargné personne, de près ou de loin, et en même temps l'extraordinaire résignation mue par leur instinct de survie. En même temps que s'éteint d'autodestruction, qu'il semble avoir honte d'avouer, il se laisse entraîner à reconstruire: d'abord de menues réparations, puis c'est une maison entière qu'il entreprend de retaper et de remeubler avec et pour ses nouveaux compagnons, les femmes et leurs enfants. Beau texte, impitoyable mais pudique, très cru, jamais grandiloquent ni mélo, et d'autant plus poignant. Belle histoire d'homme qui trouve dans l'Autre comment dépasser et survivre à sa propre détresse, et retrouve une raison de vivre.