Pride and Prejudice est le roman que je préfère de Jane Austen.
De ses 7 romans achevés c'est le plus connu avec Sense and sensibility qui est plus court.
Publié anonymement en 1813, il raconte la vie d'une famille de la gentry georgienne vivant dans un village reculé du Hertfordshire.
Désargentés les Bennett ont 5 filles et ne peuvent pas compter sur un fils pour assurer la lignée ni transmettre le domaine.
Jane Austen a le chic la distance et l'ironie indispensables pour dépeindre avec brio la société anglaise de son époque. Elle possède cet art consommé de l'ironie qui permet de montrer un monde prisonnier de ses principes et refuse toute idée d'évolution.
Bien sûr que l'on peut trouver ses préoccupations de le Gentry superficielles et inintéressante, une littérature pour midinettes...
Oui, mais non ! C'est oublier la qualité d'écriture, l'intelligence de Jane Austen et son talent à portraiturer son époque et ses contemporains.
Pourquoi j'aime le personnage de Lizzie ?
Peut-être que je m'identifie à ses qualités que je souhaiterais avoir.
Elle est intelligente, cultivée, n'a aucune tendance séductrice ou artificieuse et reste fidèle à elle même et à ses principes.
Elle ne cherche pas à plaire, se contente de ce qu'elle a. Ce sont justement des qualités absentes chez beaucoup de femmes qui auraient tendance à en demander toujours plus, à avoir un comportement séducteur justement.
Cela déroute les hommes mais le regard aiguisé de l'homme bien va la percer à jour et être capable de trouver le perle rare qui se niche dans son coeur fidèle et intègre. Un peu comme Eléanor dans Sense and sensibility, elle est passionnée à l'intérieur mais garde cet aspect d'elle même pour l'élu et ne l'affiche pas au tout venant.
Lizzie est donc une personnalité riche à qui saura l'apprivoiser. Elle ne fait pas partie de cette troupe d'arrivistes qui l'entoure où qu'elle aille. Son monde est cet opportunisme mais elle se refuse d'en faire partie. Darcy se rendra compte de cela...
Pour elle, contrairement aux diktats de son époque, la valeur des êtres ne dépend pas de sa position sociale.
Elle porte un autre regard sur l'humain qui n'est pas accepté par son entourage. Seuls son père, sa soeur aînée lui accordent les qualités de coeur qu'elle mérite. Le fait qu'elle bouleverse les codes sociaux dans une société plus que rigide va lui attirer de nombreuses inimitiés parmi les plus influents.
L'un des thèmes centraux de cette oeuvre est le mariage, et bien sûr sa fonction sociale. Symbole d'une libération de la tutelle parentale, il est aussi l'enjeu de toutes les intrigues. Rester vieille fille est pensé comme une honte peu enviable et un manquement aux devoirs envers sa famille. Là est l'originalité aussi, de la pensée de Lizzie. Le manège de sa mère qui cherche à caser ses filles à n'importe quel prix moyennant des revenus raisonnables, ce venant du personnage ridicule montre bien ce que pense Jane Austen de cette conception de la vie et du rôle de la femme dans la société. L'indépendance (financière mais pas que) pour une femme est complètement inconcevable à cette époque.
Ici on réalise à quel point l'endogamie sociale est plus importante que le bonheur. Mieux vaut être marié(e) avec une personne de son rang même si c'est un mauvais mari, que de se mésallier par amour quitte à assurer son bonheur.
D'où les doutes, les interrogations des personnages pris entre amour et devoirs, entre des préoccupations éternelles et universelles et celles de leur siècle.
