Pachinko de Min Jin Lee, est une saga familiale historique dans laquelle nous allons suivre quatre générations (de 1930 à 1989) d'une famille de Zainichi(étrangers résidant au Japon)dans un Japon qui méprise les Coréens. Leur histoire débute dans les années 1930, près de Busan (Corée du Sud), Sunja, une jeune coréenne tombe enceinte hors mariage. Pour laver son honneur et celui de sa famille, elle accepte d'épouser Isak Baek, un pasteur chrétien qui élèvera l'enfant comme son propre fils. Le couple part s’installer à Osaka chez le frère d'Izak. Voici le point de départ d’un combat, pour survivre et s’adapter à la vie au Japon, qui durera plus d’une vie avec au départ la volonté sans faille d’offrir le meilleur à son enfant qui se transformera au fur et a mesure de l’avancée du roman, pour finir sur l’histoire même de ses enfants et de leurs enfants après eux.
Après cette succincte présentation, je vous propose d’expliquer ce que j’ai apprécié dans ce roman, mais avant cela, je tiens à hausser la voix vis-à-vis de l’édition (Harper Collins Poche) que j’ai eu en main…celle-ci était tout simplement honteuse au niveau de la qualité du papier, bien trop fin, et de l’encre qui a fini par tacher mes mains mais surtout une bonne partie des pages et de la couverture.
Pour en revenir au contenu en lui-même, j’aime beaucoup les récits historiques et ce livre m'a beaucoup appris sur la dynamique entre les coréens et japonais. Au départ, je n’avais que de faibles connaissances sur le passif et le contexte historique dans lequel s'inscrivait ce livre, pour autant, j'ai trouvé que l'apprentissage a été très fluide, avec une autrice qui réussit à mêler tranche de vie et éléments historiques. Je regrette néanmoins que l'autrice ne creuse pas davantages l'aspect historique, notamment durant les périodes de guerre. Nous ne pouvons parler de ce livre sans aborder ses personnages et la résilience qui transpire de Sunja et de sa descendance qui essaieront d’allier leur nouvelle vie avec le respect des traditions coréennes, tout en gérant au mieux les tensions liées au fait d'être coréen au Japon. J’ai également apprécié le fait que suivant le personnage mis en avant, les thèmes de ce roman pouvaient changer permettant une grande diversité dans les thèmes abordés allant de la guerre ; des préjugés, des discriminations raciales et persécutions ; de recherche d’identité ; de drames familiaux mais aussi d’amour familial ; d’intégration ; d’espoir et de solidarité ; poids de l’héritage d’un père ou sensation de déshonneur, respect des traditions familiales et religieuses, volonté de protéger ses proches ; …
En bref, j’ai apprécié ce livre qui nous donne la vision d’un étranger, sur ce qu’il vit au quotidien et du poids de cet héritage sur le comportement des descendants. A froid, je ne peux m’empêcher de me dire que ce roman s’essouffle quand même rapidement dès lors que le personnage central n’est plus Sunja, pour qui nous avions eu le temps de créer un lien qui n’est plus présent avec sa descendance. Malgré tout, je n’ai pas eu la sensibilité nécessaire pour apprécier à son plein potentiel l’histoire de cette famille d’immigrée n’étant pas forcément la population cible. Cela reste une lecture enrichissante avec de bons moments et quelques longueurs. Je conseille évidemment ce livre à toutes personnes aimant les récits historiques de résilience, mais également à celles et ceux décidés à en apprendre plus sur l’histoire de la Corée. Pour finir, il ne peut pas faire de mal dans un climat où le Japon est souvent idéalisé.