Avec Parfum de glace, Yoko Ogawa continue son exploration de deux de ses thèmes favoris :
- l'enfermement mental et physique
- la mémoire.
Les 2 sujets ont déjà été traités dans le roman plus court L'annulaire.
Dans la nouvelle, des specimens d'objets divers sont enfermés et conservés dans un laboratoire.
Ici, ce sont les odeurs qui sont enfermées dans des flacons.
Inévitablement, l'enfermement physique renvoie aux prisons psychiques dont lesquelles vivent les protagonistes : la femme, le frère et la mère d'un jeune homme qui s'est suicidé.
C'est à travers le travail de mémoire de la concubine que l'on découvre avec elle la vie pleine de surprises du mort.
Parcours salvateur ou pas ? A vous de lire le roman...
Parfum de glace est donc à l'image de l'ensemble des oeuvres de Yoko Ogawa.
Que ce soit sur le fond ou sur la forme.
- Le style est fluide et facile à lire,
- les non-dits sont omniprésents (karmiques ou sentimentaux) : la suggestion est le maître mot.
Pour autant l'autrice introduit 2 éléments exceptionnels chez elle :
- la structure est moins linéaire que les autres ouvrages. Un voyage à Prague qui se déroule quelques mois après l'histoire principale s'enchevêtre avec les lieux et temps de la narration centrale.
- même si l'autrice ne cède pas au sensationnalisme, les révélations s'accumulent au fur et à mesure du parcours de Ryoko, la femme du jeune homme suicidé. Ce qui en fait un roman à suspense avec une tension inhabituelle.
Bref un ouvrage magnifique alliage d'une littérature maîtrisée et d'une sensibilité à fleur de peau.