Peu nombreux sont les thrillers capables de faire preuve d’une redoutable efficacité ; Pars vite et reviens tard outrepasse le genre en tissant un patchwork à la fois sombre et optimiste, dans une intrigue menée à son terme du début à la fin. Les multiples rebondissements trouvent un enchaînement convaincant dans une sorte de ronde morbide aux accents historiques, que l’auteure manipule avec habilité tout au long du roman. Fred Vargas, qui s’illustre avec subtilité dans le domaine qui lui est propre, nous entraîne dans les heures les plus sombres du Moyen Âge, où la peste noire décime sur son passage le dernier souffle d’espoir de l’Homme en perdition, tel le châtiment divin d’un Dieu mécontent.
Nous sommes néanmoins au XXIème siècle, lorsque le commissaire Adamsberg, récemment affecté à la brigade criminelle de Paris, prend connaissance d’étranges messages anonymes et menaçants. Extraits de passages occultes de vieux romans antiques, les annonces que Joss Le Guem lit malgré lui en place publique suscitent une curiosité qui prendra bientôt une allure de chasse à l’homme. La machination s’étend au point de non-retour, lorsque la ville de Paris se trouve directement menacée ; la course contre la montre commence, dans ce climat hivernal où la vengeance est aussi un plat qui se mange froid…
L’atmosphère angoissante, rehaussée par quelques habiles touches d’humour noir, parvint à plonger le lecteur dans un délicieux océan de suspens, que Fred Vargas se plaît à abreuver dans une distorsion fascinante, mêlant histoire et fiction.