Peut-on imaginer en France, une institution telle que celle des Geishas ? Ces jeunes femmes éduquées à la pratique de la musique, de la danse, à parler littérature et arts étaient chargées moyennant finances de tenir compagnie à des messieurs désoeuvrés. Métier pouvant parfois déboucher sur un mariage avantageux à Tokyo, rarement en province…
Le protagoniste de ce roman, en cure dans une petite ville thermale rencontre donc la jeune Komako qui par besoin personnel devient une geisha. Mais loin d’être une geisha de seconde zone, elle se révèle douée de très grandes qualités et une relation s’instaure entre cet homme marié épris de danse européenne et cette provinciale si atypique.
On sent que Kawabata à partir de cette trame assez simple mais porteuse de sublimes et poétiques descriptions y a adjoint au fil des temps d’autres protagonistes, rassemblant peu à peu de courts récits éparses mais peu importe. Car ici, l’intérêt du roman réside moins dans l’intrigue que dans la beauté formelle de l’écriture. Qualité sûrement atténuée encore malgré toute la richesse d’une belle traduction.
On doit également faire abstraction de ce premier degré de lecture qui peut passer pour rébarbatif à certains pour songer à l’approche allégorique des saisons qui peignent cette montagne. Comme par ailleurs la force de vie de Komako peut s’opposer à l’instinct de mort de sa rivale qui ne pourra semble-t-il revivre qu’à Tokyo où justement meurt la tradition japonaise au profit du modernisme.
Avec l’écriture de Kawabata se révèle toute l’intelligence et la finesse de la grande littérature japonaise faite d’une grande acuité d’observation et de rendu, à la fois active et contemplative.