Gabriel, dix ans, vit à Bujumbura (Burundi) en Afrique dans les années 90'. Il vit dans l'insouciance de l'enfance, entouré de ses parents, un expatrié français et une rwandaise, et des amis de son âge. Mais la guerre civile éclate entre les Hutus et les Tutsi avec le génocide des Tutsis au Rwanda. Il faut se cacher dans la maison. Puis les copains commencent à se sentir concernés par la guerre, malgré leur jeune âge, et à y prendre part, alors que pour Gabriel, ce n'est pas sa guerre, on lui a imposé. A cela s'ajoute la perte de sa mère, psychique, puisque celle-ci part au Rwanda pour voir sa famille qu'elle retrouve assassinée. Elle revient auprès des siens mais son âme n'est plus là. Gabriel finit exilé, en France, avec sa petite soeur Ana. Il apprendra plus tard que son mère a trouvé la mort dans la guerre.
Si Petit Pays n'est pas autobiographique, il est tiré de l'expérience de l'auteur Gaël Faye, qui est avant tout rappeur. C'est l'histoire de la perte de l'enfance dans un contexte ultra violent.
"Cette nuit-là, Maman a quitté la maison, Papa a étouffé ses sanglots, et pendant qu'Ana dormait à poings fermés, mon petit doigt déchirait le voile qui me protégeait depuis toujours des piqûres de moustique."
On est dans le monde de l'enfance, avec la famille et les amis, qui se heurte à une réalité historique violente, la guerre, avec les génocides rwandais de 90'. Ceux-ci sont vécus de l'intérieur puisque Gabriel a un père français et une mère rwandaise. Pour s'échapper, dans ce contexte d'insécurité, il lit et créé une relation avec une dame amatrice de lecture. Il y a une réelle rupture entre le présent, à partir duquel le narrateur ouvre son histoire, en période de paix à Paris, et le passé qu'il décrit : une enfance bouleversée, des racines dans lesquels il est difficile de construire son identité. Il a tout perdu : parents, terre, enfance, sécurité.
Il finit malgré tout par revenir dans son pays et retrouver sa mère, bien que celle-ci n'ait pas retrouvé sa tête. Comme une réconciliation entre le passé emprunt de plaies béantes et le présent paisible.