Avant de commencer à m’immerger dans le livre de Gaël Faye, je l'écoutais déjà au sein du duo Milk Coffee & Sugar qu'il partage avec Edgar Sekloka. Si les ambiances assez cools des tempos, les mots utilisés par le duo trouvaient écho lors de chaque écoute. Du coup, quand le livre se retrouve encensé par la critique, je me devais de le lire.
Si l'envie de faire le lien entre l'histoire de Gaël Faye et de Gaby est forte, elle n'est pourtant pas justifiée. En dehors d'un modèle familiale semblable et d'une histoire ancrée dans le pays d'origine de l'auteur, les autres points communs sont rares.
On commence par avoir envie de partager ses années d'enfance et ses jeux avec les copains dans l'impasse. Oh que ces mangues chipées dans les arbres de la voisine donnent envie d'être dégustées à l'arrière du combi Volkswagen, véritable repère de la bande de Gaby. Puis on sent que les évènements qui touchent le Rwanda et la famille de Gaby restée au pays le font grandir. Il va prendre conscience du monde qui l'entoure et qui ne s'arrête pas à la sécurité de l'impasse.
Loin de donner une vision frontale des horreurs de la guerre, c'est surtout le passage de l'insouciance des jeunes années à la confrontation à la dure réalité qui est intéressante. La tentative de trouver une bulle pour résister à ce qu'il ne veut pas voir et qu'il ne retrouve plus avec ces copains donne terriblement envie de se perdre dans la bibliothèque de sa voisine.
Le Burundi décrit par Gaël Faye donne tellement envie de s'y plonger, de descendre la rivière Muha sur un tronc de bananier que l'on ne peut qu'être touché au cœur par l'état dans lequel son Petit Pays bascule.
Vous m'aurez compris, ce livre est une pépite qui sent le sucre des mangues, la fraîcheur d'une pluie salvatrice après une journée trop chaude en été et le difficile goût de la première taffe de cigarette qui a failli t'étouffer.