C'est un bien mauvais bouquin que ce Pétronille. Roman à succès - roman peut subtil. Pourtant le commencement, ma foi, n'était pas désagréable.
Une écrivain(e), parisienne à souhait, se cherche une camarade avec qui boire. Mais attention, il n'est point question, ici, de vulgaire soûlerie. Non, plutôt de dégustation, de délectation. Le breuvage ? Du champagne - bien évidemment. Un peu cliché, mais on s'y prend. La narratrice, qui n'est autre qu'Amélie Nothomb, fait alors la rencontre d'une jeune fille qu'elle avait pris pour un garçon, - méprise sur laquelle le bouquin s'étend, sans doute plus de raison. Elles deviennent amies. Tout, cependant, les oppose. La première s'habille à la mode des années 20, la seconde sort en jeans et parle comme une "prol". (Je n'avais d'ailleurs jamais entendu ce terme: prol. Il semblerait que cela signifie "prolétaire". Une sorte de diminutif. Un néologisme ? Je le croyais. Mais il semble que le terme ai été employé antérieurement, du temps de Sartre et Beauvoir. Décidément Amélie est bien trop cultivée pour moi. Et d'une familiarité, grand dieux, lisez: "Un grand de terminale l’avait traitée de prol, elle lui avait répondu qu’il était un « bourge »". Quelle sens de la modernité ! Presque une punchline ! Bon, trêve de plaisanteries, je reprends.)
Elles deviennent donc amies, bien que tout - ou presque - les oppose. Presque, car elles ont, en commun, le goût des livres - ça tombe bien !!! Mais la prol, ne pouvant résister à ses instincts populaires, se met à pisser en plein milieu de la chaussée, après une soirée toute en bulles arrosée. C'en est trop pour l'écrivain(e). Trop de vulgarité. Trop de tolérance. Elle n'en peut plus. Elles se donnent congé.
La suite, en revanche, perd en intérêt - si tant est, bien entendu, que le début en avait. Le cadre spatio-temporel (que c'est pompeux) évolu quelque peu. On est toujours à Paris, dans les beaux quartiers, mais deux ans (je crois) ont passé. L'écrivain(e) tombe par hasard sur la couverture d'un livre signé du nom de son ancienne amie, la prol. Elle l'achète et le li. Reprend contact avec la jeune fille qui, bien qu'ayant vieillie, conserve son éternelle dégaine. Elles se retrouvent, discutent, et s'enivrent. L’écrivain(e) n°1 part à Londres - patrie de ses ancêtres. L’écrivain(e) n°2 la rejoint. Elles se retrouvent, discutent, et s'enivrent. Puis les deux écrivaines décident, par téléphone, d'aller ensemble au ski. Elles se retrouvent, discutent, et s’enivrent.
Je n'ai pas lu la suite. C'est donc avec une légère mauvaise foi que je me permet de juger cet ouvrage destiné - à mon avis - aux librairies de gares. Et pourtant je crois y avoir mis toute la bonne volonté dont j'étais capable. Je crois avoir été jusqu'au point maximal. Celui au delà duquel il n'y a plus rien à lire, plus rien à découvrir - et, finalement, plus rien à dire. Je m’aperçois - zut - que j'ai omis d'évoquer le style, la narration ; bref, de parler de la forme. Cela s'explique, peut être, par un certain néant en ce domaine...
Je n'attendais rien de grandiose d'un bouquin qui, en troisième de couverture, se contente d'un: "Au premier regard je la trouva si jeune que l'ai prise pour un garçon de quinze ans", mais je m'estimais en droit de lire un peu plus de piquant. Alcool, Paris, deux jeunes femmes, de la littérature... Au moins une véritable orgie, des bas quartiers, un petit baiser, des discussions littéraires - sur n'importe quel autre auteur, Sartre, Beauvoir, ou un romancier de PMU, de comptoir. Mais rien. Rien, si ce n'est des développements sur la semble-t-il dure conditions de l'écrivain(e) contemporain. Séances de dédicaces, interview pour un journal, manuscrits à envoyer, soirées snobs, intransigeance de la critique... (et je dois avouer que je trouve - à mon humble avis - que celle ci pèche, trop souvent, non pas d'intransigeance mais de complaisance).
Ce Pétronille, en somme, est un bien mauvais bouquin. Non pas qu'il soit véritablement mauvais ; mais, plutôt, qu'il se situe dans ce moyen moins, dans le sirupeux, le superficiel, le superfétatoire - comme l'est ce terme d'ailleurs.
PS : pour constituer son propre avis, on peut se contenter de ce déplorable et représentatif dialogue:
(La prol veut boire avant de faire du ski; l'écrivain(e) émet des doutes. Action:)
"- Boire du champagne suppose de pencher la tête en arrière : à ce moment là on ne verrait plus la piste. Ce serait très dangereux.
- Pas si on boit vite.
- Ce serait dommage !
- Ça va, c'est pas du dom- pérignon, non plus.
J'écarquillais les yeux de la découvrir si snob [...]"