J'ai lu tous les livres d'Amélie Nothomb. J'ai commencé avec "Métaphysique des tubes", j'avais treize ans et je n'ai pas compris grand chose. Mais se comparer avec dieu, je trouvais ça fort. Puis j'ai continué, jusqu'à lire tous ses livres déjà publiés, et j'ai continué encore, en lisant chaque année son nouveau roman. Aujourd'hui, que m'en reste-t-il ? J'ai aimé passionnément "Cosmétique de l'ennemi", j'ai trouvé "Hygiène de l'assassin" très bon et dérangeant, j'ai regardé plusieurs fois "Stupeurs et tremblements" avec une Sylvie Testud formidable, j'ai écouté Robert, j'ai été persuadée que je tomberais amoureuse d'une fille. Oui, Amélie Nothomb a joué un grand rôle dans mon adolescence.
En souvenir de ce temps passé, je lis chaque été ses babillages. Cela fait bien longtemps que je n'y trouve plus d'intérêt et cela fait bien longtemps que je n'achète plus ses livres. Je prends une heure pour me poser à la fnac et découvrir ses nouveaux maux. A une époque, ils m'ont touchée. Même dans des livres que je trouvais vains, il y avait toujours deux ou trois passages qui me parlaient réellement et je n'avais alors pas l'impression de perdre mon temps.
Mais aujourd'hui - et depuis environ cinq ans -, je suis en colère. Je sais, je sais, Amélie Nothomb ne me doit rien et peut-être qu'elle n'a pas changé (j'en doute) et que c'est simplement moi qui ai grandi. Mais... Le jour où on n'a plus rien à dire, on peut peut-être se taire ?
C'est probablement à moi de ne plus la lire. Mais la vérité, c'est que j'y crois encore, qu'il y a quelque chose au fond de moi qui s'anime et qui espère chaque fois que ça y est, la consistance et les bons mots vont revenir, que son livre va me remuer, me secouer. Comme avant. A chaque fois, je suis déçue. Et de déception en déception, j'oublie petit à petit que je t'ai aimée. Dommage.