Je dois avouer que je ne lirais pas du Houellebecq tous les jours tant sa lucidité acerbe et crue arrive parfois à me donner la nausée (sensation qui n'est pas sans me rappeller, sans vouloir comparer l'incomparable, celle ressentie face au masochisme de certains passages du livre "Les carnets du sous-sol" de Dostoïeski). Néanmoins, je ne peux m'empêcher de voir en cet écrivain un génie des temps modernes, un des seuls ayant réussi à ancrer ses romans dans ce que la réalité de la société contemporaine a de plus prosaïque. D'aucuns diront qu'il n'a pas de style et que ses livres sont vides et je ne suis pas d'accord, ce n'est pas parce que leur lecture est rapide et facile qu'il n'y a rien à retenir. Quoiqu'il en soit, il serait dommage de se priver d'un bon moment car je trouve son style aussi hilarant qu'il est provocant.
Si les personnages à la Houellebecq se ressemblent beaucoup, type "looser résigné qui se laisse plus ou moins porter par les flots d'une vie monotone (pour ne pas dire 'carrément chiante')", le roman "Plateforme" se démarque car il traite de l'amour. Bien sûr, il y a aussi le tourisme sexuel, la consommation de l'européen en voyage, la relation au groupe, le libertinage, le monde du travail... mais il y a aussi l'amour, avec un a presque majuscule. Alors que les solitudes ne font habituellement que se croiser dans les autres romans de l'auteur, ici, deux d'entre elles vont se rencontrer et cela donne encore un peu plus de profondeur au récit.