Vous aussi avez peut-être eu sous les yeux, étant écolier, cette lithographie fleurant bon son image d'Epinal d'un immeuble haussmannien en coupe dévoilant l'intérieur de ses étages ?
Si c'est le cas, remémorez-vous cette gravure, véritable tableau des castes de la société sous le Second Empire. Une hiérarchie inversée si l'on peut dire où les riches vivent en bas et les pauvres sous les toits ! Un entresol occupé par des boutiques, un rez-de-chaussé ultra cossu et "grand bourgeois", un second puis un troisième étages occupés par une bourgeoisie moins à l'aise et une famille de petits fonctionnaires. Montez encore quelques degrés (même si le tapis rouge qui recouvraient les marches de pierre du grand escalier s'est dérobé sous vos pieds pour laisser place à un escalier de chêne brut) et vous arriverez à un étage à peine fréquentable, celui d'une classe ouvrière laborieuse où vous pourriez bien aussi croiser quelques libre-penseurs, célibataires ou autres provinciaux fraîchement débarqués de leur campagne pour conquérir la capitale. Enfin, surmontez votre répugnance évidente et hissez-vous jusqu'aux combles pour jeter un oeil voyeur aux logis des domestiques, des marginaux et des artistes. Vous ne serez pas déçu de votre ascension... Tout ce petit monde vit ensemble sous le même toit. Leur adresse est leur seul trait d'union et leur immeuble un microcosme aussi étroit que leurs vues. Dans cet immeuble, reflet de leur société, les passerelles sont difficiles à bâtir, les escaliers si laborieux à... descendre !
Pour en savoir plus, lisez Pot-Bouille, l'un des chef-d'oeuvre du génial EZ.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2009 et Avant 2007