"Les possibilités sont prodigieuses", voici une phrase "fil rouge" qui accompagne le lecteur tout au long de ce petit roman. Je dis "petit" pour le nombre de page mais pas si petit que ça quant au contenu.

Alors, ainsi donc, le voici ce récit paléontologique qui a déjà fait caqueter bon nombre de claviers ? Étrange pourtant le nombre de mois pendant lequel il est resté dans ma PAL sans que je sois seulement tentée de l'ouvrir. Seule la perspective de devoir bientôt le rendre à la personne qui me l'a prêté m'a enfin décidée à l'entreprendre.

Ce roman offre une lecture aisée de par son style et de par son traitement ; c'est quasi un livre de divertissement, et il est d'ailleurs conçu comme si le narrateur contait une histoire du soir avant de confier son auditoire aux bras de Morphée.

Ne nous attardons pas sur le synopsis, tout le monde connaît le concept : une horde (oui, on peut à peine parler de famille) d'hommes préhistoriques s'attelle à améliorer l'ordinaire de son existence et se fait fort d'être précurseur en termes d'évolution de l'espèce "subhumaine".

Edouard, le père, Mathilde, la mère, quatre grands gars, Oswald le chasseur, Tobie le scientifique, Alexandre l'artiste et Ernest (le narrateur), le type "moyen", intellectuellement pas si brillant qu'on l’espérerait mais pas si bête qu'on le croirait, auxquels il faut ajouter une flopée de soeurs, tantes, oncles, compagnes... Edouard, chef de tribu, a donc pour job de faire évoluer son espèce grâce à des expériences et des découvertes : la chasse, le feu, la cuisine, la danse, la musique, les arts, l'Amour, etc... Hélas pour lui, toutes les découvertes ne sont pas bonnes à faire et quand il s'agit de cohabiter avec d'autres hordes et de s'armer... Aïe.

Honnêtement, tout ça c'est sympa, comment ne pas sourire face aux multiples anachronismes utilisés par l'auteur dans ce but ? Mais, pour ma part, l'extase n'aura pas dépassé le stade du sourire et n'aura jamais atteint ceux du rire et de l'enthousiasme frénétique.

Mon peu de goût pour la Préhistoire y est peut-être pour quelque chose mais ce n'est pas certain. Les ficelles un peu grosses utilisées par l'auteur pour créer ses parallèles paraboliques sur des thèmes éculés (même si je garde à l'esprit que ce roman date de 1960) comme l'antagonisme entre tradition et innovation, les conflits de générations, le distinguo entre exode défensif et conquête belliqueuse ou encore la compréhension des mécanismes sociétaux qui ont construit notre civilisation (religion, organisation politique et sociale de la communauté, place des arts, libre expression des individus, etc.) m'ont moins surprise que je m'y attendais. Pour moi, tout ça reste trop superficiel et ne peut prétendre revêtir le costume de la satire sociale.

En synthèse, je ne crie pas au génie mais je conseille ce roman comme une lecture "gentille" et divertissante. Selon moi, c'est dommage que l'auteur n'ait pas davantage exploité "les possibilités prodigieuses" de son concept.
Gwen21
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2013

Créée

le 30 sept. 2013

Critique lue 2.1K fois

9 j'aime

Gwen21

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

9

D'autres avis sur Pourquoi j'ai mangé mon père

Pourquoi j'ai mangé mon père
Hypérion
7

A trop vouloir faire rire, il épuise...

Pourquoi j'ai mangé mon père, c'est un petit bijou d'absurde appliqué à la préhistoire, époque bénie où le génie de l'homme éclot et lui permet de s'élever au delà de son simple statut d'animal...

le 12 avr. 2011

27 j'aime

5

Pourquoi j'ai mangé mon père
Gand-Alf
6

Back to the trees.

En 1960, le journaliste et économiste Roy Lewis imaginait cette aventure préhistorique, satire à peine voilée de la société de l'époque et de sa politique, ainsi que de ses débats idéologiques. A...

le 7 avr. 2015

23 j'aime

4

Pourquoi j'ai mangé mon père
MarlBourreau
7

Pourquoi j'ai lu ce livre.

---Parce que "pourquoi j'ai mangé mon père". Bah oui, le titre ! Je l'ai immédiatement trouvé accrocheur. ---Parce qu'il est bien documenté sur la préhistoire. En plein coeur du Pléistocène, on suit...

le 11 nov. 2014

10 j'aime

1

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

66 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

33 j'aime

8