J'ai coutume de dire que si l'envie me prenait soudain de me suicider, je lirais sans doute un livre d'Amélie Nothomb, histoire de me donner une bonne raison supplémentaire de mourir, tant l'oeuvre de l'autrice est pour moi assimilable à une plaquette de somnifères, une balle de revolver ou à une corde. Amélie Nothomb, qui aurait du s'appeler Amélie Thomb, tant ses romans respirent l'odeur d'un caveau, est donc pour moi, et ça ne surprendra personne, l'une des écrivaines les plus mauvaises que cette planète ait porté depuis l'invention de l'écriture, qui se situe à une assez bonne distance de notre époque. En d'autres termes, et je le précise au cas où les plus lents d'entre vous ne l'avaient pas fixé, je déteste Amélie Nothomb. Mais si je devais la détester encore plus que de coutume, c'est quand elle réussit paradoxalement à me séduire avec ce qu'il y a de pire en elle. Je dois bien l'admettre, Premier Sang est un très bon roman. Je ne sais pas ce qui a pris l'autrice belge, connue pour écrire un roman par an, tous plus horribles les uns que les autres, quand elle a soudain pondu une girafe dans une portée de nains, mais quoique ce fut, elle doit continuer, car ça lui fait grand bien, à elle comme au lecteur. Surtout, ce petit conte magnifique, écrit en hommage à un père disparu, nous permet de comprendre ce qui pousse Amélie Nothomb à écrire : sans doute l'idée obsédante de faire vivre la poésie familiale et d'user des mots, comme Shéhérazade et son diplomate de père, pour empêcher les autres de mourir. Petite pépite de tendresse et de mélancolie à découvrir!