J'aime beaucoup Metin Arditi. C'est un auteur étonnant aux univers qui changent du tout au tout d'un roman à l'autre, une sorte d'anti-Vargas en somme. Prince d'orchestre (joli titre soit dit en passant) déroge complètement à la règle. On croise ici Pavlina, personnage central de La fille des Louganis et l'institut Alderson, dont l'histoire est contée dans Loin des bras.
On suivra ici l'histoire d'une chute, ou plutôt d'une dégringolade. Celle d'Alexis Kandilis, chef d'orchestre d'origine grecque à la renommée internationale, loué par les plus grands journalistes, acclamé dans toutes les salles d'Europe et de Navarre, et pressenti pour diriger le B16, une intégrale symphonique de Beethoven très attendue par la critique.
Mais Alexis est aussi célèbre qu'il est exécrable, hautain, pétri de contradictions, affaibli par un passé et une histoire qu'il ne digère pas. Un grain de sable dans les rouages, une altercation avec un musicien d'orchestre, le précipite des sommets à la plus grande des déchéances.
Metin Arditi nous décrit cette chute par une succession de chapitres courts, parfois constitués de quelques lignes seulement, centrés autour de son personnage principal. On retrouve ici sa passion pour l'Art – une passion qui a fait le succès du Turquetto – appliquée dans Prince d'orchestre à la musique (Arditi a été président de l'orchestre de Suisse romande pendant dix ans, il sait de quoi il parle). On retrouve ses personnages tout en nuances et son atmosphère feutrée, très genevoise. Je regrette cependant l'aspect un peu carton pâte de certaines scènes et l'intrigue générale du roman, sans surprise aucune et franchement tirée par les cheveux.