J’aime ce mélange d’intrigue, de science, d’histoire et de danger ultra prenant même si j’aurais adoré que chacun de ces aspects soit encore plus poussé.
En gros, des historiens travaillant sur un site de fouille en France découvrent un message daté de plus de 600 ans de leur Professeur. Celui-ci s’était envolé aux U.S.A. pour rencontrer le directeur de la société ITC qui les emploie et les finance.
Très vite, ils apprennent qu’ITC a mis au point une technologie de voyage dans le temps et veut les envoyer récupérer le Professeur qui est coincé en l’an de grâce 1357. Seulement l’époque dont il est prisonnier est trouble, la technologie pas au point, le temps limité et ITC ne leur a pas tout dit sur les précédents essais.
Tout ça ça me stimule. J’avais trop hâte de le lire. Malgré ce que j’ai à y redire j’étais à fond dedans et reprenais plaisir à me poser pour lire avant d’aller me coucher.
L’aspect technologique :
Le recours à la physique quantique est acceptable, ça remplit le rôle explicatif.
Ce que j’ai à redire :
De base je ne crois pas à la possibilité de voyager dans le passé, c’est pour moi impossible parce que ça reviendrait à défaire ce qui a été fait et pas simplement remonter le temps comme on l’envisage.
Du coup là ils parlent de physique quantique (depuis que j’ai lu Une brève histoire du temps j’en ai retenu que personne savait vraiment ce que c’était ni comment ça marche) donc c’est suffisamment nébuleux pour qu’on le fournisse comme explication.
Surtout que le tout est évacué par le concept de « plurivers ». Quand j’ai lu ce terme ça m’a fait rire, je me suis dit Crichton devait vraiment être précurseur dans l’emploi de certains termes parce que c’est pas la première fois que je lis certains de ses livres où l’emploi de certains mots n’est plus le même que de nos jours, voire par le bon terme couramment utilisé pour ce que ça décrit, certains concepts s’étant démocratisés depuis.
Bref là encore j’ai accepté (dans ma grande magnanimité) le principe alors que je ne crois pas non plus à ce concept qu’il existe autant d’univers simultanément à différents stades et avec différents choix faits. Les possibilités seraient infinies car dans ce cas il faudrait considérer qu’un atome qui va à droite au lieu d’à gauche serait une nouvelle branche. Sans compter que pour moi s’il va à droite au lieu d’à gauche c’est déjà que les caractéristiques de l’univers n’étaient plus les mêmes au départ puisque sa direction comme nos choix sont conditionnés par tout ce qu’il y a eu en amont. Bref c’est compliqué dans ma tête mais y a un truc qui profondément ne colle pas pour moi.
Puis en plus ils disent que ça n’a pas d’impact parce que c’est un autre univers techniquement mais pourtant ça a un impact : le message du Professeur trouvé au départ ; ce qu’il est advenu de Marek.
Donc y a un côté pas maîtrisé dans la logique des choses (ou je suis conne) MAIS je veux bien admettre que ce n’était pas le but, juste un prétexte pour rendre toute l’intrigue possible.
Comme j’ai une nature de chieuse j’imagine que c’est plus fort que moi de le relever.
Ce que j’aurais aimé :
Il y a toute une intrigue par rapport au fait qu’ils font comme une copie des personnes pour les envoyer dans un autre univers, de même à leur retour ; comme un fax. Que lors du passage d’un univers à l’autre il peut y avoir des problèmes de transcription dans le code qui les définit. Du coup ils pourraient finir avec des dommages physiques, internes ou externes.
Ok ça s’est vu dans le vieux du début ou Robert de Kere. Mais j’avoue je voulais un Frankenstein comme le chat. Je voulais un truc horrifique, une monstruosité qui bave avec un air d’attardé mental. J’aurais aimé qu’on reste à la fin sur quelque chose d’aussi dramatique pour un des personnages.
L’aspect historique :
Ce que j’ai à redire :
Pas assez poussé. En fait ça pâtit de l’intrigue générale avec le décompte de 36h pour revenir dans leur univers. Tout est rythmé par rapport à ce décompte, on a l’impression que les rebondissements ne servent qu’à nous faire patienter. Il faut qu’ils réussissent mais à la dernière minute donc chaque fois y aura un prétexte pour qu’ils soient tous séparés. Ça prend le pas sur le genre d’intrigue politique qui aurait pu être plus passionnante. Surtout avec Robert de Kere. C’était peut-être trop frénétique.
Ce que j’aurais aimé :
Que le Professeur soit moins taiseux. Que Robert de Kere soit plus exploité et qu’on comprenne mieux ses motivations et comment il a réussi à acquérir cette importance.
Même par rapport à Claire.
J’espérais qu’ils prennent plus part à ce qui se passait à l’époque en jouant de leurs connaissances. Qu’il y ait plus de suspense sur le personnage autrefois employé par ITC qui est resté volontairement dans cette autre époque.
En fait j’ai l’impression qu’il y avait plein d’éléments mais que ça restait de la course-poursuite qui prédominait. Du coup même les grandes figures, Arnaud et Oliver j’avais tendance à les confondre. Je me rattachais vraiment à me dire « attends y a un Français et un Anglais, quel prénom fait plus quoi ? » pour les replacer systématiquement dans ma tête.
Autres :
Les personnages étaient un peu des personnages-types avec chacun ses compétences pour leur sauver la mise lors d’une situation houleuse (et y en a puisqu’il a fallu tenir 36h sans pouvoir revenir…). Après pourquoi pas. Fallait qu’ils soient pas très denses intérieurement pour qu’ils n’hésitent pas à partir à la rescousse de leur Professeur quitte à mettre leur vie en péril aussi vite.
Moi j’aurais dit « non mais c’est bon je crois que finalement j’ai fini mon cursus, sayônara ».
Crichton aurait pu limite enlever l’intrigue dans notre univers sur l’infrastructure qui est quasiment intégralement détruite et menace la possibilité de retour du petit groupe: au final ça n’a pas vraiment eu d’impact ce qui rend le truc ridicule.
Ils ne seraient pas revenus quoi qu’il arrive. Ils n’en ont même pas eu conscience ! A la limite il aurait fallu que le petit groupe essaie de revenir et échoue. Ou au moins qu’ils entendent tout le stratagème de Stern du message enregistré envoyé. Là ça n’a servi à rien non plus, à aucun moment il n’en est fait mention, à aucun moment ça les a perturbé parce qu’ils ne semblent jamais l’avoir entendu.
Au final ils sont rentrés sans avoir eu conscience d’à quel point la situation était catastrophique. Dommage et un peu vain.
Sinon c’était cool dans l’ensemble. Hâte de voir ce que donne le film.