Sorj est un pseudonyme que lui donnait sa grand-mère, son prénom de naissance est Georges. Il a été journaliste à Libération puis a tenu la rubrique boîte à images du Canard enchaîné. Au titre de sa couverture du procès de Klauss Barbie il a obtenu le prix Albert Londres. Il a écrit de nombreux romans édités chez Grasset. Il a reçu le Médicis et le Goncourt des lycéens. Son écriture est fluide, les mots sont forts et sincères. Ce livre est autobiographique, inspiré de son enfance. Sorj Chalandon a attendu la mort de son père pour le publier. L’histoire se déroule dans les années 60 jusqu’à aujourd’hui. Le narrateur interne est ce petit garçon qu’il a été dans la ville de Lyon. J’ai trouvé ce point de vue très intéressant pour ce qu’il dévoile du ressenti de l’enfant, de la description de la famille autour de cette folie du père totalement mythomane, de cette folie ravageuse et vraiment contagieuse. Le père se vit comme un héros, il a été militaire, judoka, pasteur, footballeur, espion, conseillé particulier du général de Gaulle. Il invente un monde à son fils, un parrain américain, lui aussi héros de la guerre qui doit venir en France et participer avec l’OAS à la restitution de l’Algérie à la France. Le père confie des missions à son fils qui les remplit avec application. C’est terriblement excessif, mon impression était la surprise, presque à chaque page et puis c’est drôle voir hilarant donc gênant. Le fils est battu durement par le père, mis en maison de correction dans l’armoire, il subit des restrictions alimentaires. La mère craint son mari qui la bat et ne cesse de répéter à son fils tu connais ton père, tu sais comment il est. On peut ne pas adhérer à l’histoire de cette folie qui s’empare de tous ceux qu’elle côtoie. Ce témoignage donne envie de découvrir d’autres récits et la belle écriture de ce romancier