Ce court roman d'à peine 80 pages éblouit par sa maîtrise formelle, par cette façon qu'à l'auteure d'exprimer, par quelques phrases, des suite de mots, parfois, le drame d'un pays par le truchement du destin tragique du personnage principal. Pays installé dans une guerre sans fin, mais sourcilleux quant à ses traditions, pays où le peuple vit :"Le deuil, le jihad, la foi. La trinité des miséreux". Le texte s'articule comme une véritable tragédie antique, le personnage principal subissant son destin. Habilement scindé en de courts chapitres, où tous les protagonistes de l'histoire apportent leurs mots de douleur, et scandé par un monologue du fleuve Tigre, dont certains sont extraits de "L'épopée de Gilgamesh", "Que sur toi se lamente le Tigre" est aussi d'une grande beauté poétique, tant chaque mot semble pesé et juste. Un prix Goncourt du premier roman (2021) amplement mérité pour cette femme jounaliste et photographe indépendante.
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