Le titre latin Quo vadis ? (littéralement "où vas-tu ?") est issu de la citation tronquée "Quo vadis, Domine ?" (où vas-tu Seigneur ?), phrase attribuée à l'apôtre Pierre fuyant Rome de possibles persécutions. Il aurait en effet eu une vision du Christ portant sa croix, se préparant à se faire crucifier une 2e fois si Pierre ne retournait pas à Rome pour y périr en martyr. Ce grand roman sur l'avènement du christianisme a valu à son auteur polonais le Nobel 10 ans plus tard et a eu un succès mondial. Nous sommes donc en 60 après J-C, quelque 30 ans après la mort du Christ. L'action se passe sous le règne de Néron, un empereur cruel et bouffi d'orgueil qui n'a pas hésité à faire assassiner sa mère et qui se pique d'écrire des vers, qu'il chante sur ses propres compositions musicales, art dûment validé par son Arbitre des Elégances, l'érudit Pétrone, seul courtisan à oser lui dire la vérité sur la qualité de son art, jouant sa vie à pile ou face à chaque diatribe. Vicinius, un jeune patricien, ami de Pétrone, lui fait un jour part de son amour pour une jeune otage lygienne, fille de roi à la beauté ensorcelante, convertie à la religion d'amour du Christ. Aussitôt son enlèvement est décidé mais elle parvient à leur échapper. Pourquoi lui résiste-t-elle ? "J'en ai assez, de Rome, de César, des fêtes, d'Augusta, de Tigellin et de vous tous ! J'étouffe ! Je ne peux pas vivre ainsi ; je ne peux pas ! Comprends-tu ? -- Tu perds la tête, tu perds tout jugement et toute mesure, Vicinius ! -- Je ne pense qu'à Lygie. -- Et alors ? -- Alors je ne veux pas de votre manière de vivre, de vos banquets, de vos excès. -- Qu'as-tu enfin ? Es-tu donc chrétien ? Le jeune homme serra sa tête de ses mains et répéta avec désespoir : "Pas encore, hélas ! Pas encore !"
A partir de là les persécutions contre les chrétiens s'intensifient, Néron les accusant d'avoir incendié la Ville Éternelle (il a lui-même ordonné l'incendie, pour qu'il lui apporte l'inspiration de beaux vers...), Lygie emprisonnée, et Vicinius est au désespoir de perdre sa promise pour qui il donnerait sa vie.
La dernière partie du roman est très sombre, après la vie quotidienne des Romains vautrés dans le confort et ourdissant des plans machiavéliques pour conserver les faveurs de Néron, un tyran totalement imprévisible, l'auteur nous fait assister aux épouvantables jeux du cirque, où des bêtes sauvages affamées se jettent sur femmes, enfants et hommes sans défense... avant que les survivants servent de torches vivantes pour éclairer la nuit romaine...! Mais leur religion leur promet la vie éternelle et les somme de pardonner à leurs ennemis : ainsi ils partent en paix, dechaînant encore plus les fureurs du pouvoir en place... Les jeunes amants vont subir les pires infâmies, ce qui renforcera leur amour. On y croise aussi l'Apôtre Pierre et saint Paul de Tarse, prêchant et baptisant les nouveaux convertis. "Plus se répétaient ses victoires de Vicinius sur lui-même, plus elle s'attachait à lui. Pourtant, soumettre sa violence à la discipline chrétienne, le jeune tribun le pouvait sans efforts excessifs. Incliner son esprit à sympathiser avec la doctrine même était autrement ardu. Il n'osait pas mettre en doute l'origine surnaturelle du Christ, ni sa résurrection, ni tous les autres miracles. Mais la nouvelle doctrine détruirait tout ordre, toute suprématie et ferait disparaître toutes les différences sociales. Qu'adviendrait-il alors de la domination et de la puissance romaines ? Les Romains pouvaient-ils renoncer à l'empire du monde, reconnaître comme leurs égaux tout ce troupeau de peuples vaincus ? Non, cela ne pouvait entrer dans la tête d'un patricien."