Rebecca
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Rebecca

livre de Daphné du Maurier (1938)

Ce roman et sa mythique première phrase ne sont pas devenus de grands classiques de la littérature pour rien. Du Maurier tisse avec maestria une intrigue implacable dans laquelle une disparue en mer, feu Mme de Winter, tourmente les vivants. Le théâtre de cet affrontement entre le passé et le présent, Manderley, une immense et magnifique demeure quelque part en Cornouailles joue lui aussi un rôle essentiel au déroulement de la dramaturgie en lui offrant un cadre majestueux mais aussi inquiétant. On sent très vite à quel point Manderley constitue un enjeu majeur, mais bien malin celui qui pourrait deviner à quel point...
La première moitié du livre est peut-être un peu longue. Elle fait penser aux montagnes russes et leurs montées intentionnellement lentes qui précèdent de vertigineuses plongées et les nuées de cris qui les accompagnent.
La scène du bal, qui constitue le point mort, tout là-haut au somment de la montagne russe, est à mon sens une merveille de la littérature, une montée en puissance presqu'inégalée car Du Maurier donne au lecteur les ingrédients pour comprendre l'amorce du désastre qui se trame, là où la naïve narratrice fonce tête baissée dans le piège qui lui est tendu.
En plus d'être un thriller psychologique, c'est aussi une plongée historique au coeur des rapports de classe qui ont fait le triomphe de séries comme Downton Abbey et l'excellente Upstairs Downstairs, son homologue citadine. En effet, la présence permanente des gens de services aussi discrets soient-ils contribue à maintenir bien serrés les lacets du corset social, y compris pour les maîtres de maison qui ne semblent que très rarement pouvoir bénéficier d'une véritable intimité. Enfin c'est aussi une énième peinture du patriarcat car si les héroïnes sont indubitablement des femmes, leurs destinées ne se façonnent qu'en réaction à la volonté, aux décisions et aux actes masculins.
Le dénouement est à la hauteur des attentes, haletant jusqu'à la dernière page.
Je vous recommande donc chaudement ce classique.
Bonne lecture. Merci de m'avoir lue,
Julie
PS: Lu en anglais, très accessible.

Dustinette
8
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le 8 avr. 2018

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Dustinette

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