Annie Ernaux s’est immiscée pendant une année dans les rayons de nos temples contemporains de la consommation, un hypermarché érigé dans une zone populaire, et a minutieusement colligé ses observations dans un journal riche d’enseignement sur notre monde actuel.
« les femmes et les hommes politiques, les journalistes, les « experts », tous ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France d’aujourd’hui. »
Les attitudes, les habitudes, les rituels en disent long sur le fonctionnement social. Ces structures si intimidantes à leur début sont devenues un tiers lieu, un endroit familier, riche de repères, et de rêves perdus. Faux lieu de rencontre, les regards se croisent rarement, l’hostilité est sous-jacente, pour une lenteur observée observe, pour une conduite exubérante qui dérange…
L’humanité précaire mais malgré tout encore existante de ces grandes surfaces, est en sursis, bientôt effacée au profit de robots qui seront les seuls témoins de la transaction. Encore un peu plus de solitude…
Un texte qui se démarque au coeur d’autobiographie romanesque de l’autrice, mais où l’on retrouve la « patte « littéraire de notre nobelisée.