Je suis totalement en phase avec le projet "Raconter la vie", exposé par Rosanvallon dans le parlement des invisibles, visant à donner la parole et laisser s'exprimer des points de vue et des trajectoires qui sont peu ou non suffisamment représentées dans la société, alors qu'elles sont importantes voire majoritaire. Des récits sont publiés quasi quotidiennement sur le site et illustrent généralement une carrière, un moment ou un instant clé. La plupart sont passionnants, et certains exaspérants, le plus souvent des gens très politisés ou syndiqués, qui n'arrivent pas, quelqu'en soient leur bord, à se départir de leur engagement (ni à comprendre qu'ils ne sont absolument pas invisibles).
Certaines thématiques, font l'objet de petits bouquins qui se lisent vite, comme "regarde les ombres", dont la thématiques est la vie dans les hypermarchés. Sujet qui pourrait être passionnant, mais qui a été confié à Annie Ernaux, que je ne connaissais pas. Loin d'essayer de toucher au sublime ou de trouver du lien dans les gestes répétés par tous, on se retrouve avec un carnet d'observations des courses du samedi, bordé de mépris de classe, et portant haut toutes les valeurs et idées défendues par l'auteur. C'est peut être intéressant par certains aspects, mais ce n'est pas, a mon sens, le but de cette collection, qui me déçoit pour la première fois.