⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Point noir majeur : chaque phrase fait trois kilomètres de long. On dirait du Jérôme Ferrari.


Non mais vraiment, je n'exagère pas. Malheureusement, ce ne sont pas des phrases à la Proust avec une construction complexe, articulées, comportant plusieurs digressions mais toujours centrées autour de la proposition noyau ; ce sont simplement des juxtapositions de phrases séparées par des virgules, qui vont d'un point de l'histoire à un autre sans forcément garder un lien entre elles. Franchement, je pense qu'on pourrait remplacer la moitié des virgules de ce livre par des points et ça resterait un texte lisible, voire plus lisible. Je donne tout de même un point bonus pour l'utilisation fréquente de points-virgules, parce que j'aime bien les points-virgules. Et puis ça permet de respirer dans cette lecture qui court sans s'arrêter.


Étrangement, autant le temps dans la première moitié du livre s'étire à l'infini et on peut presque compter les secondes, autant la fin du récit semble un peu précipitée, malgré des phrases toujours aussi longues. On passe très vite les dernières de ces vingt-quatre heures, un peu comme si, une fois le don d'organes accepté, tout était plié et qu'il n'y avait plus qu'à dérouler le reste sans accroche.


À part ça, tout sonne juste, le choc et la douleur, la difficulté d'accepter la mort quand elle ressemble à de la vie, et surtout, comment prendre la décision de donner les organes d'un proche alors qu'on est encore dans cet état d'hébétude qui suit l'annonce du drame ? Aussi, comment appréhender la greffe d'un cœur étranger à la place du sien, accepter ce don sans retour, profiter de la mort de quelqu'un pour prolonger sa propre vie ? Je trouve regrettable que ces dernières questions d'un receveur aient eu si peu de place dans l'histoire, la réflexion était très bien amorcée mais le développement n'a pas été poussé très loin.


J'ai ressenti une grande empathie pour tous les personnages, autant les proches de Simon que le personnel médical. Je trouve que cette façon qu'a l'auteure de fournir tant de détails apparemment superflus sur leur vie est un bon moyen de se les approprier et de les aimer. Mention spéciale à Thomas, petite perle parmi tous ces gens bien écrits, j'aimerais qu'il existe pour de vrai.


Pour conclure, je trouve vraiment dommage que la lecture soit constamment poussée en avant à cause de l'absence de temps mort dans les phrases, car ça dilue la tension dramatique. On n'a pas le temps de digérer la violence des faits qu'on est déjà parti voir ailleurs, noyé dans la masse des mots. Finalement ce récit n'a pas été le coup de poing que j'attendais.

Calimaille
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Reading challenge 2016

Créée

le 10 mars 2016

Critique lue 457 fois

1 j'aime

Calimaille

Écrit par

Critique lue 457 fois

1

D'autres avis sur Réparer les vivants

Réparer les vivants
eloch
9

Avant l'aube

Plus on avance dans le livre, plus Simon s'éloigne de nous au travers de silhouettes habilement décrites et rendues vivantes par Maylis de Kerangal. Mais, paradoxalement, plus on s'en approche...

le 17 févr. 2014

23 j'aime

8

Réparer les vivants
BibliOrnitho
6

Critique de Réparer les vivants par BibliOrnitho

Simon est un jeune havrais de 19 ans. Passionné de surf, il n’hésite pas à se lever bien avant l’aube en ce matin de janvier pour aller rejoindre, avec deux amis, le littoral du Pays de Caux. Au menu...

le 17 juin 2014

22 j'aime

9

Réparer les vivants
marquise
6

Demain, dès l'aube...

J'avais vraiment très envie de lire Réparer les vivants. Le pitch me plaisait beaucoup, et j'ai immédiatement accroché au titre, que je trouve très beau. Je sors de ce livre plutôt confuse, mon...

le 19 mars 2014

15 j'aime

6

Du même critique

L'Ennemi principal, tome 2
Calimaille
10

Le matérialisme en douze leçons

Excellente lecture, ponctuée de nombreux moments d'illumination, et qui m'a apporté un regard neuf sur les rapports de domination entre les différents groupes sociaux (et pas seulement les rapports...

le 8 oct. 2017

5 j'aime

1

Le Livre des Nuits
Calimaille
6

Raconté de loin, lu de loin

Il se lit très vite, le style coule plutôt bien malgré quelques ficelles un peu grosses et des envolées lyriques que je n'ai pas toujours suivies. Mais je n'ai pas accroché : en 300 pages on voit...

le 8 févr. 2013

3 j'aime

Les Neuf Princes d'Ambre
Calimaille
10

Critique de Les Neuf Princes d'Ambre par Calimaille

Dévorée quand j'avais 12 ans, cette série est restée pour moi une référence dans mon imaginaire en ce qui concerne la fantasy. Il y a une tonne de bonnes idées (Ambre et ses reflets, la Marelle, les...

le 11 nov. 2012

2 j'aime