Non, l'écriture ne va pas vous retourner le cerveau jusqu'à le renvoyer en 1963. Le style maîtrisé et direct sert la dynamique, mais il manque un soupçon de fantaisie et de poésie qui se serait pourtant très bien accordé à cette histoire. Le potentiel loufoque n'est pas exploité non plus, vous ne croiserez pas la trogne blasée de Bill Murray au détour d'une page.
Celà dit Greenwood a le mérite de ne pas se prendre pour ce qu'il n'est pas, et le roman se révèle humain et sensible malgré cette écriture sans fioritures. On compatit pour le héros coincé dans cette grande lessiveuse cosmique, et on se demande ce qu'on aurait fait à sa place, dans cette histoire qui parle de nostalgie, de regret, de nos choix et de leurs conséquences, du sens à donner à sa vie...
La réussite de Replay surtout, c'est d'être prenant. Pas comme un thriller avec un rythme et une tension au cordeau, mais comme une bonne histoire qui se réinvente sans cesse. L'intrigue couvre une centaine d'années, dans des cycles qui se répètent, mais évite habilement de s'enliser dans le déjà vu. Chaque "vie" du personnage principal apporte son lot de variations qui utilisent les replays précédents et nourriront les suivants. Des ellipses et sauts dans le temps maintiennent la dynamique, l'effet de surprise ne faiblit pas, et le roman se révèle un vrai "page turner", comme on dit au Kazakhstan.