Ce qui à la base n'est qu'un roman uchronique divertissant et relativement bien écrit se transforme, à la lecture de l'introduction et la (géniale) postface en un roman croustillant de dénonciation. D'une part des idées fascisantes en règle générale mais également d'une tendance fortement présente dans la S-F et les romans de Fantasy, à savoir la présence d'un héros viril, la prédominance de la Force et la quasi-inexistence des personnages féminins, autrement qu'en une espèce de trophée. C'est toute la force de ce roman. Car, si l'on retire cette volonté-là et que l'on prend le roman pour ce qu'il est, on désillusionne assez vite. En effet, autant la première partie du roman est vraiment passionnante, autant la deuxième n'est qu'une succession de batailles assez insipides et très répétitives, dont on perd vite le fil. Spinrad l'avait bien compris et c'est véritablement en se mettant dans la tête d'un fanatique tel qu'Hitler qu'il a rédigé ce livre, pointant du doigt tout le côté obscène et répugnant d'un certain fanatisme. (Les symboles sont omniprésents tout le long du livre et suffisamment évocateurs !) Mais il est bien vrai que ces travers de pensée se retrouvent dans de nombreuses œuvres de S-F et ce, sans jamais avoir été remises en cause. (Star Wars ?) C'est avec l'esprit ouvert et averti qu'il fait lire cette œuvre, véritable déconstruction du roman de S-F et critique acerbe de l'idéalisme fanatique. (Rien que la savoureuse postface peut faire remonter la note d'un point)