Roman culte pour certains, mais surtout Fausses Bonnes Idées en pagaille.
Déjà j'ai du mal à accrocher à cette idée d'uchronie : dégouté par la défaite allemande, Hitler se serait installé à New-York? J'avoue avoir du mal à l'imaginer vivre pendant 30 ans dans une grande ville multiculturelle ou affluent les immigrés. Lovecraft, bien que moins atteint niveau intolérance, n'avait tenu que peu d'années dans cette ville et en était ressorti renforcé dans son délire raciste. Surtout cela n'aurait pas été absurde qu'il écrive en Allemagne car la SF était un genre à la mode durant la république de Weimar puis le 3ème Reich (mais peu de ces ouvrages ne nous sont parvenues).
Ensuite le seigneur du Svastika est un délire bien outré mais narrativement assez chiant. Ces nazis sont tellement forts que rien ne leur résiste, surtout pas le suspens. Pour l'histoire il suffit de se référer à un livre sur cette triste époque, mis à part quelques différences : par exemple le pacte Germano-soviétique est revisité d'une drôle de façon.
Mais on peut se moquer du style outré, du didactisme trop appuyé (sur l'importance du pétrole par exemple!), de péripéties grotesques (le duel avec le motard), de l'idéalisation de Jaggar (grand blond et qui se bat en première ligne contrairement à d'autres petits moustachus bruns bien planqués...), de l'homo érotisme ridicule, du cynisme "bien-pensant" tellement intense que cela en devient malsain, et du pays qui a élu ce genre d'individus. Le principal intérêt du livre est donc en fait son côté nanar politique. Je doute que quiconque puisse devenir un néonazi devant ce livre.
Après, avec la postface, on peut saluer le démontage réussi du mythe du "judéo-bolchévisme" mais le reste de l'analyse est proche du seigneur du Svastika : un jeu de massacre gratuit. L'auteur attribue à l'auteur Hitler une obsession phallique (qui n'a pas été remarquée dans Mein Kampf!) et une possible homosexualité (ce qui n'a jamais été prouvé et qui n'expliquerait pas pourquoi il est si méchant).
On peut saluer l'audace couillue de l'auteur et son jusqu'au-boutisme ironique dans ce délire psychopathe mais je ne vais pas hurler au chef-d'oeuvre.