Rarement un livre n’aura aussi bien porté son nom. J’ai beaucoup aimé cet assemblage de nouvelles, leur thème, les échos et rappels d’une nouvelle à l’autre.
La narration et la plume de Kundera sont fascinantes. Comment expliquer sinon que l’on prenne tant plaisir à lire ces histoires alors qu’aucune d’entre elles ne mérite d’être racontée ? Ce sont des événements anodins, des interactions superficielles. Mais elles sont sublimées par l’écriture.
La thématique poursuivie, l’amour, le risible amour, la futilité et la superficialité des sentiments masculins sur l’amour sont traités de manière limpide. Il est difficile de ne pas mépriser voir haïr les protagonistes de chaque nouvelle, eux pour qui tout est un jeu, au détriment des autres.
Ce qui frappe, c’est la structure récurrente des nouvelles : le récit débute souvent par une situation où la séduction et l’amour sont traités comme un jeu. Puis, au fil de l’histoire, le personnage principal est confronté à sa propre futilité, ce qui précipite inévitablement sa déchéance. Kundera parvient à passer du comique, où l’on sourit devant l’absurdité des situations, au tragique, lorsque le personnage réalise l’échec de son approche et les conséquences de son inconséquence.
Effectivement, on est amené à se poser des questions sur les visées véritables de Kundera à travers cette œuvre. Les femmes n’apparaissent dans les histoires que comme des objets sexuels. Les hommes les objectifient et chaque nouvelle est une nouvelle partie du chat et de la souris. On est alors amené à se demander si cette vision provient d’une misogynie profonde de l’auteur ou justement d’une volonté de montrer la futilité et la superficialité du rapport masculin à l’amour. Pour cela, le titre nous guide vers la seconde hypothèse.
Enfin, j’ai beaucoup aimé les réflexions sur le sérieux notamment apportées par Edouard dans la dernière nouvelle. Qu’est-ce qui doit être considéré comme sérieux ? Est-ce l’intangible, c’est-à-dire avoir un travail, devoir gérer son argent, ou le tangible, ce sur quoi nous pouvons avoir une influence : nos loisirs, nos extravagances, bref tout ce qui paraît désinvolte à l’esprit infécond ?