C’est un livre tout à fait unique que j’ai découvert par hasard dans les étagères de la FNAC, unique car déjà c’est le seul roman qu’ait jamais publié M. Aguéev, nom de plume d’un auteur dont on ne connaît pas avec certitude l’identité, ce qui entretient d’autant plus le mystère qui plane autour de cet ouvrage.
L’œuvre est tout à fait surprenante, on ne s’attend pas à une telle lucidité de la part du héros, un adolescent en recherche d’identité, restant le plus souvent en retrait pour observer ses pairs. Les sentiments que l’on développe pour le protagoniste sont ambivalents et l’on ne peut ignorer notre embarras grandissant à mesure que l’on avance dans le récit. Vadim est un élève plutôt brillant extrêmement honnête quant à ses agissements et ses sentiments pas très orthodoxes. Et on ne peut que s’émerveiller et pester de le voir entamer sa longue descente aux enfers dont les prémisses tiennent au début du roman, lui un élève moscovite brillant qui est promis à de grandes choses malgré son statut modeste.
La mélancolie est omniprésente, et évoluera à travers Vadim, souvent en conflit intérieur du fait de ses perceptions du monde froid, terne et voué à la désillusion dans lequel chacune de ses actions est soumise à la torture de l'esprit. Dans ses relations avec sa mère, les femmes, sa ville et la drogue, on sent le héros condamné à la souffrance et à une noirceur destructrice.
Une fois entamé, il sera difficile de laisser ce récit de côté tant chacun se retrouvera en Vadim et ses blessures. Assurément, ce livre laisse des traces.