"Les généraux triomphent, les soldats tombent."
L'Empire du soleil levant est acculé dans ses derniers retranchements !! Depuis des années il lutte inlassablement contre les forces alliées pour sauvegarder sa propre grandeur à l'aide de ses soldats dévoués et de ses pilotes chevronnés.
En 1944, pour contrer l'avancée fulgurante et inexorable des forces américaines dans le pacifique, le commandement fanatique de l'armée japonaise décide de mettre en place une tactique désespérée : lancer ses Dragons de combat et leurs pilotes dans des attaques suicides meurtrières.
Même si le synopsis laisse présager un roman historique sérieux, Rosée de feu est bel et bien un roman uchronique sur la seconde guerre mondiale.
Au sein de ce passé alternatif, les dragons ont été découverts depuis de très nombreuses années dans les profondeurs de l'océan et leur place dans la société moderne remplace celle de l'aviation en Asie.
Pour raconter son histoire, le roman s’intéresse aux points de vue et aux destinées de trois personnages différents qui ensembles, forment la société japonaise dans sa globalité.
Tout d'abord il y a Hideo, le petit garçon des campagnes qui subit la propagande à outrance et le climat de suspicion propre à la guerre.
Ensuite il y a Tatsuo, le jeune étudiant mobilisé pour piloter un dragon qui découvre la vie sur le front et les spécificités du combat aérien.
Enfin, il y a le capitaine Obayachi, l'officier de la marine qui participe aux complots militaires et à l'organisation des offensives de la flotte japonnaise.
Chacun de ces personnages représente en quelque sorte, une étape de la vie d'un sujet de l'empereur au temps du Japon impérial.
A travers ses personnages diamétralement opposés les uns des autres, Xavier Mauméjean présente la situation de l'Empire durant la seconde guerre mondiale et les pensées qui animent chaque combattant sur le champs de bataille.
Tout l’intérêt du livre repose sur cette mise en avant de la culture japonaise de l'époque et sur la propagande qui y sévissait.
En réalité, avec une documentation solide et foisonnante, le livre est à mi-chemin entre le roman d'aventure classique et l'essai historique.
L'auteur, avec une plume des plus élégantes, ne sombre à aucun moment dans le pathos et ne laisse transparaître que très peu d'émotion et de suspense.
La sobriété et la neutralité de la narration viennent principalement du parti-pris de l'auteur qui adopte le point de vue des vaincus et se base sur des contraintes narratives imposées par un style japonnais bien spécifique : le Bunraku, une sorte d'ancien théâtre de marionnettes.
Concrètement, les émotions et les pensées des différents protagonistes sont réduites au strict minimum dans le but de souligner leur insignifiance face à la destinée collective du peuple japonnais.
Mais, et les dragons dans tout cela ? Et bien, malgré leur omniprésence lors de certains chapitres, ces derniers n'apportent finalement pas grand chose au récit.
Les dragons sont rapidement assimilés à des avions vivants et rien de plus.
Leur intégration dans cet univers s'est faite naturellement (un peu trop même) et leur présence passe pour quelque chose de banal aux yeux des asiatiques.
L'aspect imaginaire du récit est donc complètement mise en retrait par rapport à l'aspect historique et les passionnés de fantasy qui espéraient voir une société Draconique poussée seront fatalement déçus du résultat.
Rosée de feu est donc un roman sur la société japonaise et sur la propagande guerrière.
Malgré la présence de dragons, le rôle de la fantasy reste minime et laisse sa place à une analyse rigoureuse et poussée des kamikazes et de la folie des officiers.
Bien documenté, bien écrit et entraînant, les mordus de Fantasy peuvent tout de même être déçus du traitement accordée à la partie uchronique du récit mais les curieux de culture nipponne et d'histoire seront aux anges.