Tout d'abord, cher Etienne, cette plume homérique inondant son lecteur de métaphores plus poétiques les unes que les autres est un pur délice. Chaque antagoniste prend vie à l'aide de celles-ci, les murmures des conversations politiques, l'algorithme mécanisé étendant ses tentacules jusqu'à la dernière parcelle de terre vierge, le self-made man récitant son discours préparé pour s'accaparer de l'énergie vitale des jeunes pousses qui s'échouent sur ce rivage numérique. En résumé, l'auteur nous ouvre directement le pont-levis de sa citadelle afin que nous parcourions ensemble, chacune des pièces retraçant ses doutes, les sentiers labyrinthiques empruntés et ses convictions profondes en tant qu'artiste. Cependant, je dois avouer que ces images douces se transforment progressivement en discours impérieux à force de répétitions, ironiquement à l'image des podcasteurs anglo-saxons.
D'ailleurs, selon moi, c'est une erreur d'aborder l'égarement intérieur de l'être humain uniquement sous l'angle artistique. Pour revenir sur ces podcasteurs anglo-saxons, je pense que beaucoup de ces individus créent des îlots de créativité au sein de cet océan numérique, comme le désire Etienne. Il est également question de vivre avec son temps, comme mentionné dans le livre, et beaucoup de ces contenus anglo-saxons ou autres, peu importe, engendrent une curiosité sur de nombreux sujets en dehors de l'art, histoire, philosophie, architecture, mythologie, biologie... excusez-moi l'expression, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Etienne, animé par sa magie enfantine, armé de sa plume, déblaye à grands coups un sujet trop peu exploré aujourd'hui, l'émerveillement du monde. L'admiration devant la nature, les odyssées intérieures, l'ode à la création, en d'autres mots, son archétype de l'explorateur, rôdeur, vagabond à la recherche du sacré, et surtout, son contact avec celui-ci. Ici, je rejoins complètement l'auteur, l'Homme du XXIe siècle a oublié sa quête, son épopée, son aventure, son essence-même qui se résume à courir après ce que l'on ne comprend pas, nommé Dieu, sacré, mystique, spirituelle, ésotérique... Auparavant, l'humain n'était pas au centre de tout, et il l'acceptait joyeusement en observant toutes les péripéties qui l'attendaient. Aujourd'hui, il se méprise lui-même, noyé sous la comparaison cupide, équipé d'une boussole complètement déréglée lui indiquant quotidiennement une direction différente, il a oublié son point de départ, lui. L'auteur nous rappelle à l'ordre grâce à son image de citadelle et encourage son lecture dans l'acceptation de ses parts ténébreuses de celle-ci, il est poussé à plonger à l'intérieur, s'immergeant et acceptant ce qui fait de lui un Homme, ses vulnérabilités.
Que l'on aime ou pas, la plume nous emporte dans le torrent chaotique de l'intérieur de l'âme humaine, vous ne pouvez en sortir de marbre, ce qui est donc recherché par tout lecteur à l'intérieur d'une oeuvre, formulé plus simplement, de la vie ! Bravo Etienne pour ce première ouvrage, de belles danses s'annoncent encore une fois entre les belles lettres françaises.