Impressionnant. C'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit après avoir achevé la lecture de "Salem's Lot". Impressionnant car cette brique de plus de 650 pages suintant la maîtrise à chaque phrase n'est que le second roman de Stephen King. Comme pour "Simetierre", certains diront que l'action met trop de temps à démarrer ou que les personnages sont trop nombreux, ce n'est pas mon cas.
"Le Maine, 1970. Ben revient à Salem où il se passe des choses étranges : un chien est immolé, un enfant disparaît et l'horreur s'infiltre se répand..."
"Salem" c'est une réadaptation moderne du mythe de Dracula, mais c'est avant tout l'histoire de ces petites villes isolées où tout le monde se connait. Tout le monde se connait tellement d'ailleurs, que si quelque chose arrive, c'est forcément la faute d'un étranger. On peut le voir dans de nombreuses scènes où King prend à malin plaisir à nous montrer comment une information passe d'une personne à une autre avec une facilité déconcertante. Cette thématique de la "communauté reliée par des câbles" sera d'ailleurs en partie reprise dans "Sac d'os" (dont le héros est aussi écrivain). Mais il n'y a pas que ça. King utilise sa très large galerie de personnages pour donner vie à sa ville et immerger le lecteur mais aussi et surtout pour faire monter la tension. Car l'essentiel de la première et deuxième partie du roman (le tout en faisant trois) est là pour nous montrer la progression du mal. Et pour se faire, quoi de mieux que de disposer d'une vingtaine de personnages éparpillés dans la ville , se confrontant peu à peu à la menace. Et malgré cette multitude de personnages, le fil conducteur n'est jamais perdu et le roman ne comporte presque aucune longueur. Le sens de la narration de Stephen King atteint donc des sommets et arrivent à créer une ambiance particulièrement pesante. Le mal est partout. Comme le dit si bien le résumé, "l'horreur s'infiltre et se répand"
Une autre grande qualité du roman réside en l’iconisation de la fameuse "Marsten House" (la maison abritant la source de tous les maux). Cela passe par des flashbacks (comme le traumatisme qu'a subit le héro), à l'histoire en elle-même de la maison à de nombreux dialogues des personnages la décrivant comme "une idole surveillant la ville de son oeil noir". Toutes ces petits éléments mis bout à bout arrivent à créer une ambiance plein de mysticisme avant même l'apparition du premier Nosferatu dans l'histoire.
S'il fallait faire un seul reproche au roman, ce serait dans la dernière partie. Comme dit plus haut, le roman a peu de longueur et la dernière partie reste très agréable à suivre. Cependant, la traque du maître des ténèbres traîne un peu trop en longueur et le dénouement final se révèle un peu trop simple . On se consolera avec un épilogue plutôt grisant, offrant une fin ni trop sombre ni trop claire.
On pourrait s'étendre encore des heures sur ce roman tant les qualités (personnages, écriture) et les thèmes abordés (religion, conflit entre le rationnel et l'occulte, peur infantile etc) y sont nombreux. Mais je pense m'arrêter là et je vais me contenter de vous dire d'éteindre les lumières et de lire attentivement. Stephen King est prêt à vous faire croire en l'existence des vampires.