Samedi
7.2
Samedi

livre de Ian McEwan (2005)

Samedi relate sur 380 pages le déroulement d'une journée (un samedi) dans la vie de Henry Perwone, neurochirurgien londonien de talent, père de famille et mari comblé, citoyen du monde occidental. Cette journée commence tôt, par un réveil en pleine nuit, et s'emplit peu à peu des événements très simples qui font le quotidien de l'homme moderne (un accrochage en voiture, une partie de squash, des emplettes chez le poissonnier, une visite à une mère malade...), qui convergent pourtant vers l'irruption de l'irrationnel, de l'anxiété et de la souffrance.
La force (en même temps que le principal défaut) du roman est de parvenir à tenir son lecteur si longtemps avec si peu de choses. Bien sûr, chaque épisode, du plus important au plus insignifiant, éveille son lot de souvenirs qui sont habilement glissés dans les interstices du récit de cette journée dans la vie de Perowne ; cependant, il faut passablement de talent et de fluidité d'écriture pour parvenir à manipuler un tel matériau (la banalité du quotidien) tout en demeurant, pareil à un funambule, sur le fil qui sépare l'insignifiance du ridicule. McEwan y parvient, et à travers ça nous amène à nous identifier à cet homme bon, aux aspirations simples, aux peurs naturelles et aux émotions universelles. Et peut-être en conséquence à nous interroger sur les véritables buts de la vie, les conséquences de nos actes, de nos engagements, ou encore sur ce que représentent pour nous des concepts aussi élémentaires que la famille, le travail, l'amour, la mémoire, la maladie...
Cette note très positive ne peut pour autant faire oublier qu'il ne se passe pas grand-chose dans ce roman qui aurait pu tenir en une longue nouvelle d'une cinquantaine de pages (ce qui aurait nécessité un brio littéraire supplémentaire) et que les longues descriptions du paysage londonien, des étés passés avec untel ou des projets de tel autre, les digressions pseudo-scientifiques un peu approximatives et la relation décousue (volontairement certes) de cette partie de squash m'auraient à n'en pas douter ennuyé furieusement si je n'avais pas abordé ce livre avec l'état d'esprit adéquat.
Samanuel
7
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le 3 mai 2011

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