Une déception
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le 1 déc. 2017
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De même qu’un roman fleuve présente le risque de vouloir se concentrer sur une fresque familiale immense au détriment de s'intéresser individuellement aux membres de la famille concernée, une oeuvre à visée encyclopédique sur un thème aussi large que “l’Humanité” peut tendre à trop peu se concentrer sur chacun des sujets abordés, à faire du très superficiel.
Alors qu’en est-il du “Sapiens” de Harari ? Tombe-t-il dans le piège ?
La réponse est claire, selon moi : oui, forcément !
Parler de la révolution agricole, de la monnaie, de la religion, du concept d’empire, etc… chaque sujet étant abordé en 20 ou 30 pages : cela va forcément créer une impression de superficialité. Même si certains points sont intéressants, bons à rappeler, bien amenés, etc… je suis quand même resté sur ma faim dans le degré de profondeur de l'analyse. Et notamment sur les quelques derniers chapitres, où la spéculation devient presque plus présente que les faits.
Cependant, on peut se demander si c’est vraiment la bonne question à se poser. Ne devrait-on pas plutôt se demander : “est-ce le degré de profondeur des sujets traités qui compte ?”
Une lecture assidue de Wikipedia pouvant apporter autant ou plus d’informations au lecteur, on regarde alors ce que Harari veut nous dire, on se demande quelle architecture globale il a voulu donner à son livre. Et bien honnêtement, je ne suis pas vraiment sûr de bien savoir. Il découpe ses sujets en trois grandes révolutions (cognitive, agricole, et scientifique), avec certains arcs qui tentent de relier différents points énoncés. Mais je trouve le travail d’analyse et de structuration de l’oeuvre assez creux, ou n’étant pas vraiment explicite ou particulièrement révélateur.
Alors pour prendre sa défense, on pourrait penser qu’il est plus ou moins impossible de donner de la cohérence à une oeuvre aussi large, aussi ambitieuse. Mais je ne crois pas que ce soit le cas. Par exemple, Bill Bryson avec son “Une histoire de tout, ou presque…” utilise comme fil rouge la méthode scientifique et le processus d’avancée de la science pour donner une réelle unité à toutes les histoires qu’il nous raconte. C’est ce genre d’unité qu’Harari n’a pas, selon moi, su créer ici.
Restent la simplicité du texte et les exemples souvent judicieux qui sont des points positifs pour ce “Sapiens.” A mettre entre les mains des jeunes (ou moins jeunes) qui seraient en phase de découverte de la littérature non romanesque, car il peut clairement susciter des intérêts pour les lectures ultérieures !
Créée
le 14 oct. 2017
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