Au gré des traductions, c’est un évènement qui revient une à deux fois par an, mais l’arrivée du Stephen King nouveau est toujours un évènement. Pour cette cuvée 2021, nous avons le droit à ce que le maitre à écrit à la fin des années 2019, juste avant le COVID donc, qui ne manquera pas, je le suppose, d’irriguer les prochaines créations.


Si ça saigne, comme souvent, n’est pas un roman mais un court recueil de 4 nouvelles, sur des thématiques variées. On commence avec une jolie histoire classique dans l’univers de King avec une histoire qui lorgne du côté fantastique, avec un téléphone qui permets de communiquer avec les défunts. L’occasion, par ailleurs, de se replonger en 2008, avec la sortie du premier Iphone, largement détaillé dans la nouvelle.


L’histoire de Chuck est plus surprenante, et aussi moins maitrisé, principalement avec son séquençage inversé. Il s’agit d’une histoire à la Scrooge, venant illustrer l’adage que « chacun est une multitude ». Pas mauvaise, non, mais moins maitrisée.


La dernière histoire, Rat, renvoie à la première période de King, entre la part des ténèbres et tant d’autres, avec une interrogation à la fois sur les sources de l’inspiration et sur le processus créatif. L’idée de pacte faustien est évidemment fantastique, mais sûrement moins que le détail des petites manies créatives, probablement la nouvelle la plus intime, bien que souvent dévoilée, et donc intéressante.


Le gros morceau reste cependant la novella éponyme : si ça saigne (ça fait vendre et on peut le tuer). Il ne s’agit ni plus ni moins, sans spoiler, d’une suite à l’outsider, donc à la trilogie de Bill Hodges. Si tous les personnages de la trilogie « policière » de King sont bien présents (a minima en souvenir), c’est ici sur le personnage d’Holly que le focus se fait. Une nouvelle clairement en mode plaisir coupable pour qui a lu Monsieur Mercedes et les autres, mais qui doit forcément laisser un peu sur sa faim quand on la lit seule. C’est peut-être un peu dommage.


Au-delà du choix des thèmes, le King nouveau est fidèle à lui-même. La patte et le style d’écriture se reconnait au premier coup d’œil. L’écriture assume totalement son côté page-turner et le syndrome « encore une petite dernière » avec ses chapitres courts et les allers-retours entre les protagonistes (et antagonistes). Malheuresement, l’incapacité à finir un combat ou une histoire après le climax final se retrouve, comme à chaque fois (mais beaucoup moins que dans l’institut par exemple).


Comme d’habitude, un incontournable pour les habitués, et pas la meilleure porte d’entrée pour ceux qui connaissent moins l’auteur, à qui il vaut mieux conseiller Danse Macabre ou les romans des débuts 80’s (Cujo, Simetierre, Misery, Ca, …).

Ponchiot
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Essayer d'en tirer quelque chose (Les livres 2021)

Créée

le 20 avr. 2021

Critique lue 268 fois

3 j'aime

Ponchiot

Écrit par

Critique lue 268 fois

3

D'autres avis sur Si ça saigne

Si ça saigne
Samu-L
7

Quarante-sept années de lecture formidables. Merci Stephen!

Si ça saigne est le onzième recueil de nouvelles- ou de novellas- de Stephen King. J'aime beaucoup King, et j'ai toujours trouvé qu'il se montre souvent doué dans l'exercice du récit court; ou du...

le 12 oct. 2021

5 j'aime

3

Si ça saigne
AMCHI
7

Critique de Si ça saigne par AMCHI

Si ça saigne est un recueil de 4 nouvelles plus ou moins longues, on est en présence de bons textes de Stephen King sans qu'il n'atteigne non plus le meilleur de son potentiel. Si chaque histoire est...

le 30 mai 2021

4 j'aime

11

Si ça saigne
DavidRumeaux
8

Si ça saigne !

On le sait, Stephen King aime varier les genres littéraires. Récits longs, récits courts, il alterne toujours avec plus ou moins de réussite (souvent plus, il faut bien le dire). Ici, il offre 4...

le 24 févr. 2021

4 j'aime

3

Du même critique

Le Grand Partage
Ponchiot
1

Même ma mère a hésité à partir.

Voilà. Malgré l'ignoble Aladin par Kev Adams et le supplice des quatre fantastiques , il aura fallu attendre les tout derniers jours pour se taper la pire purge de l'année 2015, montrant bien que...

le 27 déc. 2015

14 j'aime

Men in Black : International
Ponchiot
3

Plus réchauffé que refait

Il va falloir songer à faire cesser cette nouvelle mode Hollywoodienne de « prendre un film, mettre une madame et refaire exactement comme celui d’avant mais en moins bien ». Mais pas aujourd’hui,...

le 12 juin 2019

13 j'aime

4

L'École est finie
Ponchiot
3

Enième manifeste pour la suppression du CNC

L’école est finie nous joue le syndrome du grand partage (donc en gros si vous n’avez pas le temps : piétiner allègrement le message qu’on voulait faire passer par une réalisation et des personnages...

le 13 août 2018

13 j'aime

3