Si par un soir quelconque Calvino y avait mis plus de coeur...
Ce livre serait peut-être un chef-d'oeuvre...
Les différents débuts d'histoires, qui constituent le sel du livre, m'ont en effet entrouvert un instant une porte sur le roman que Calvino aurait pu écrire : une sorte de génial hybride entre roman et essai, qui aurait parlé de l'écriture (comment on crée une histoire qui donne envie en quelques mots), de la lecture (A quel moment et comment bascule-t-on de la curiosité initiale à cette avidité irrépressible qui s'empare de nous à la lecture d'une bonne histoire) en même temps que de l'interaction entre les deux. Car je n'ai trouvé aucun des « premiers chapitres » vraiment mauvais, certains étant plus dans mon style (le roman policier qui ouvre le livre, le pseudo-roman mafieux, l'étrange roman à moitié fantastique qui débute par des sonneries de téléphone...) que d'autres, mais tous me semblant des incipits valables pour un roman du genre qu'ils représentent (même le roman érotique japonisant m'a semblé agréable).
Pourtant les chapitres destinés à faire le lien, ceux-là même qui auraient du éclairer le lecteur tout en liant savamment les histoires avortées entre elles, sont rapidement parvenus, à force de rebondissements ridicules, de digressions sans fin, et d'exubérances sans queue ni tête, à franchement me lasser. Le résultat d'ensemble est de ce fait très décevant car même les introductions dont je soulignais la qualité ci-dessus, finissent par sembler vides de sens au milieu de ce fatras de divagations dénuées d'intérêt. Pour donner l'impression finale que Calvino a écrit son livre avec à l'esprit l'idée d'une forme (un livre qui regrouperait des débuts d'histoires liées entre elles -par tous les moyens-) plutôt que d'un fond (un livre qui parlerait de l'exposition d'une histoire, du point de vue du lecteur, mais aussi de l'écrivain). Et c'est bien dommage.